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Les bamakois diplômés de Paris

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lorsqu’ils sont candidats à un examen ou un emploi […], [les enseignants]<br />

sont tenus <strong>de</strong> signaler d’une façon particulière (encre rouge) le lien <strong>de</strong><br />

parenté qui l’unit à un chef. 1 »<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

L’École a d’abord suscité <strong>de</strong>s réactions <strong>de</strong> rejet auprès <strong>de</strong>s populations<br />

concernées. <strong>Les</strong> nobles et les chefs cachèrent leurs propres enfants ou envoyèrent<br />

ceux <strong>de</strong> leurs esclaves, seuls moyens d’échapper au pouvoir colonial. Le risque était<br />

aussi <strong>de</strong> « désocialiser» ses enfants par la scolarisation et d’enrayer « le cycle<br />

productif et reproductif <strong>de</strong> la parenté 2 ».<br />

Mais l’École coloniale avait un atout majeur : l’écriture. Elle a été un <strong>de</strong>s<br />

instruments <strong>de</strong> la domination européenne dans <strong>de</strong>s sociétés où l’oralité était le<br />

vecteur essentiel <strong>de</strong> la transmission <strong>de</strong>s savoirs et <strong>de</strong>s savoir-faire. La pratique <strong>de</strong><br />

l’écrit était jusqu’alors « sacrée » et réservée au petit nombre <strong>de</strong>s lettrés musulmans<br />

(avec l’écriture coranique – venue il y a plus <strong>de</strong> mille ans avec l’islam) ou <strong>de</strong>s griots<br />

(avec le système graphique Mandé). D’abord redoutée, l’École coloniale allait être un<br />

moyen d’accé<strong>de</strong>r « aux secrets <strong>de</strong> l’écriture ».<br />

B. L’École nouvelle<br />

L’École coloniale assura la promotion d’une élite malienne diplômée et<br />

contribua à la formation <strong>de</strong>s futurs politiciens du pays. Par exemple, Modibo Keita,<br />

Hamadoun Dicko, Fily Dabo Sissoko, occupèrent <strong>de</strong>s postes ministériels dans divers<br />

gouvernements <strong>de</strong> 1948 à 1957. En accédant à <strong>de</strong>s postes clés <strong>de</strong> l’appareil colonial,<br />

ces hommes participèrent activement à l’histoire politique <strong>de</strong> leur pays et furent les<br />

artisans <strong>de</strong> son indépendance, le 20 juin 1960 3 . De cette accession aux responsabilités<br />

du pouvoir émergea une nouvelle classe sociale : la « bourgeoisie d’État 4 ». Le capital<br />

1 Archives Nationales du Mali, Rapports scolaires <strong>de</strong> Bougouni, 1940, in Étienne Gérard, La tentation<br />

du savoir en Afrique. Politiques, mythes et stratégies d’éducation au Mali, <strong>Paris</strong>, Karthala, 1997, pp.<br />

98-99.<br />

2 Clau<strong>de</strong> Meillassoux, Anthropologie <strong>de</strong> l’esclavage, <strong>Paris</strong>, PUF, 1986, p. 40.<br />

3 « […] Modibo Keita, alors secrétaire général du Parti <strong>de</strong> la Fédération Africaine, […], annonça à <strong>Paris</strong><br />

la volonté du Mali d’exercer son plein droit à l’indépendance et […] permit l’accord d’un « transfert <strong>de</strong><br />

compétences » ratifié par le parlement français et par les assemblées législatives du Sénégal et du<br />

Soudan. La fédération du Mali reçu en 1960 la charge <strong>de</strong> la politique étrangère, <strong>de</strong> la défense, <strong>de</strong> la<br />

politique économique et financière, du contrôle <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> l’enseignement supérieur, <strong>de</strong><br />

l’organisation général <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong>s télécommunications ». Op.cit., Gérard, 1997, p. 114.<br />

4 Voir Jean François Bayart, L’état en Afrique, <strong>Paris</strong>, Fayard, 1989.<br />

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