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Les bamakois diplômés de Paris

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1. <strong>Les</strong> premiers temps <strong>de</strong> l’installation<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Dans les discours recueillis à <strong>Paris</strong>, un point a particulièrement retenu mon<br />

attention : l’occultation systématique par la plupart <strong>de</strong> mes interlocuteurs <strong>de</strong> leur vie<br />

à Bamako, comme si leur existence commençait au moment <strong>de</strong> leur arrivée en<br />

France. Aucun ne raconte spontanément – c'est-à-dire sans questions <strong>de</strong> ma part -<br />

son enfance, sa scolarité, ou son histoire familiale au Mali. Certes, la référence au<br />

pays d’origine est constante. Mais elle s’est toujours organisée autour <strong>de</strong> leur<br />

situation présente avec, pour contenu, <strong>de</strong>s normes et <strong>de</strong>s valeurs sociales et non pas<br />

<strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s biographiques. La référence au Mali sert alors <strong>de</strong> cadre explicatif pour<br />

rendre compte <strong>de</strong> leur expérience migratoire et <strong>de</strong> leur rapport avec la société<br />

réceptrice.<br />

Cette occultation <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> pré-migratoire est significative. Elle témoigne<br />

avant tout <strong>de</strong>s changements rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> situations sociales auxquels ils ont été<br />

confrontés, et plus particulièrement ceux qui caractérisent les premiers mois <strong>de</strong><br />

l’installation. Disons-le d’emblée, la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s enquêtés s’est trouvée dans<br />

une situation <strong>de</strong> flottaison, oscillant entre une insertion partielle dans le réseau<br />

migrant d’accueil et <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s plus ou moins longues d’isolement. Ce passage<br />

répété d’un état social à l’autre s’accompagne d’une série <strong>de</strong> désenchantements, d’une<br />

prise <strong>de</strong> conscience du décalage entre leur vision idéalisée du mon<strong>de</strong> social français et<br />

la réalité <strong>de</strong> leurs conditions d’immigration.<br />

Ces premiers temps <strong>de</strong> vie à <strong>Paris</strong> sont l’objet <strong>de</strong> cette partie. Pour en rendre<br />

compte, plusieurs points d’entrée sont possibles : le travail ou le statut migratoire<br />

notamment. Mais ici, j’ai choisi <strong>de</strong> porter mon attention sur les logiques d’accueil, et<br />

plus particulièrement sur l’insertion <strong>de</strong>s enquêtés dans leur propre réseau migrant.<br />

1.1 <strong>Les</strong> « accueillants »<br />

J’entends par « accueillants » les personnes – migrantes ou non – avec<br />

lesquelles les enquêtés entrent en relation durant leur expérience migratoire et qui se<br />

distinguent d’eux par leur ancienneté d’installation en France. Ici, les accueillants<br />

désignent plus spécifiquement les personnes avec lesquelles mes interlocuteurs<br />

entrent en contact au moment <strong>de</strong> leur arrivée à <strong>Paris</strong>. Il s’agit, le plus souvent, <strong>de</strong><br />

membres <strong>de</strong> la famille résidant <strong>de</strong>puis plusieurs années dans la capitale française. Ils<br />

forment, pour ainsi dire, le <strong>de</strong>rnier maillon <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> migration, ceux qui<br />

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