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Les bamakois diplômés de Paris

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4.2 La famille : un soutien financier et pourvoyeuse d’un<br />

capital social<br />

Pour la majorité <strong>de</strong>s enquêtés, le départ pour la France a été financé par leur<br />

famille. Par exemple, pour cinq <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> la famille D. résidant à <strong>Paris</strong>, le billet<br />

d’avion fût le « <strong>de</strong>rnier coup <strong>de</strong> pouce » <strong>de</strong> leurs parents :<br />

« C’est avec l’argent <strong>de</strong> papa… C’est lui qui nous a fait partir mes frères et<br />

moi. […] Donc comme ça il n’y avait pas d’autres éventualités, il fallait faire<br />

ses bagages et puis essayer <strong>de</strong> rentrer en France. […] Après, on savait qu’on<br />

<strong>de</strong>vait faire notre vie. » Ibrahim.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Très concrètement, un billet d’avion Bamako/<strong>Paris</strong> coûte – en 2011 - aux<br />

alentours <strong>de</strong> 400 euros, soit 240 000 FCFA 1 . Cette somme représente six fois le SMIG<br />

mensuel malien (35 000 FCFA environ). La déduction semble évi<strong>de</strong>nte : sans le<br />

capital économique <strong>de</strong>s familles, la migration <strong>de</strong>s enquêtés pour la France n’aurait<br />

(peut être) pas pu se concrétiser. En d’autres termes, la condition petite bourgeoise<br />

<strong>de</strong>s enquêtés a été déterminante dans l’exécution du plan migratoire.<br />

Cela va par ailleurs dans le sens <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> François Héran qui dissipe<br />

l’idée reçue selon laquelle « accueillir l’immigration, c’est accueillir “la misère du<br />

mon<strong>de</strong>“. […] Quand on évoque la misère du mon<strong>de</strong>, on songe à l’immigration en<br />

provenance <strong>de</strong>s pays du Sud, les plus pauvres <strong>de</strong> la planète. Mais les migrants se<br />

situent rarement au plus bas <strong>de</strong> l’échelle sociale <strong>de</strong> leur société d’origine ; au<br />

contraire, ils s’inscrivent souvent au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la moyenne […]. Plus généralement,<br />

dans l’ensemble, les migrants représentent une population sélectionnée par rapport<br />

aux non-migrants <strong>de</strong> la société d’origine : en meilleure santé, plus instruite, plus<br />

entreprenante, dotée d’un minimum <strong>de</strong> ressources pour payer le voyage et les frais<br />

d’installation. 2 »<br />

C’est également le milieu social d’origine qui peut expliquer les manières dont,<br />

avec la migration, ont été redéfinies les modalités du contrat familial, notamment en<br />

ce qui concerne la <strong>de</strong>tte intergénérationnelle. À la lecture attentive <strong>de</strong>s entretiens,<br />

1 1000 FCFA = 1,52 euros. Pour information, le franc CFA a d’abord signifié le « franc <strong>de</strong>s colonies<br />

françaises d’Afrique. Il est né officiellement le 26 décembre 1945. Aujourd’hui, le FCFA signifie : Franc<br />

<strong>de</strong> la Communauté Financière d'Afrique. L’histoire <strong>de</strong> l’indépendance du Mali est étroitement liée à<br />

l’histoire <strong>de</strong> cette monnaie. Pour plus <strong>de</strong> détails sur la « zone franc » : http://www.banquefrance.fr/fr/eurosys/zonefr/zonefr.htm<br />

; pour un historique du franc CFA : Serge Ikiemi, Le franc<br />

CFA, D’où vient-il, où va-t-il , <strong>Paris</strong>, L’harmattan, Comptes rendus, 2010.<br />

2 François Héran, « Cinq idées reçues sur l’immigration », Population et sociétés, INED, n° 397, janvier<br />

2004, p. 4.<br />

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