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Les bamakois diplômés de Paris

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tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

régularisée. Il s’agit donc d’une pério<strong>de</strong> marquée par l’incertitu<strong>de</strong> ; incertitu<strong>de</strong> ne<br />

pouvant être dissipée que par l’émission d’un « avis favorable » <strong>de</strong> la préfecture.<br />

Ensuite, le renouvellement du titre <strong>de</strong> séjour n’est jamais que temporaire.<br />

L’ « épreuve <strong>de</strong>s papiers » est une histoire qui se répète et qui maintient la personne<br />

dans une situation juridique provisoire. Si bien qu’Ab<strong>de</strong>lmalek Sayad n’a pas manqué<br />

<strong>de</strong> relever cette contradiction fondamentale entre l’état provisoire <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong><br />

l’étranger en droit et l’état durable qui la caractérise <strong>de</strong> fait 1 .<br />

Enfin, lors <strong>de</strong> l’instruction du dossier <strong>de</strong> renouvellement, l’étranger reçoit <strong>de</strong>s<br />

autorités préfectorales « un document provisoire <strong>de</strong> séjour, appelé “récépissé“ […]. Ce<br />

document, généralement délivré pour trois mois, lui permet <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer<br />

régulièrement en France. [Mais il] n’autorise pas son titulaire, [sauf exceptions], à<br />

exercer une activité professionnelle 2 ».<br />

Ainsi l’arrivée à échéance du titre <strong>de</strong> séjour est-elle – pour Mamadou et les<br />

autres – une source d’anxiété. Elle avive le sentiment du provisoire, le sentiment que<br />

« tout peut s’arrêter » (Zoumana) et que l’on soit « obligé <strong>de</strong> rentrer au pays »<br />

(Papus).<br />

Un an après son arrivée en France, Mamadou est précisément dans l’attente <strong>de</strong><br />

sa régularisation. Et la situation est d’autant plus délicate que le récépissé qui lui a été<br />

délivré ne l’autorise pas à travailler. Mais comme il le déclare lui-même, « il faut bien<br />

gagner sa croûte » :<br />

« J’avais utilisé les papiers d’un ami… Je <strong>de</strong>vais travailler dans un<br />

[supermarché]. Je me souviens, j’étais pas à l’aise… J’avais peur <strong>de</strong> mal<br />

faire. Le premier jour, je suis arrivé, j’e n’ai pas vu le patron. Je ne savais<br />

pas quoi faire. Je remplissais les rayons… Je faisais exactement ce qu’on me<br />

disait… Puis, au bout <strong>de</strong> trois jours, le patron me fait venir dans son bureau.<br />

Je me suis dit “ça y’est, c’est fini“. En fait non, il voulait juste me rencontrer.<br />

[…] J’ai fait trois mois là-bas, mais travailler comme ça, en cachette, ça met<br />

sur les nerfs. Dès que j’ai eu ma carte <strong>de</strong> séjour, j’ai quitté là-bas.»<br />

« Utiliser les papiers d’’un d’autre», voilà une pratique souvent évoquée par mes<br />

interlocuteurs <strong>bamakois</strong> au cours <strong>de</strong> l’enquête. Elle est une solution possible pour<br />

ceux qui – comme Mamadou – sont contraints <strong>de</strong> se placer en situation irrégulière<br />

1 Ab<strong>de</strong>lamalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes <strong>de</strong> l’altérité, 1. L’illusion du provisoire, <strong>Paris</strong>,<br />

Raisons d’agir, 2006, p. 31.<br />

2 Site officiel <strong>de</strong> l’administration française : http://vosdroits.service-public.fr/F15763.xhtml, [consulté<br />

le 7.12.11].<br />

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