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Les bamakois diplômés de Paris

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système scolaire ouest-africain rappelle que l’École est un héritage colonial.<br />

Aujourd’hui, cette institution a plus <strong>de</strong> 150 ans 1 . Mais <strong>de</strong> quelle École s’agit-il <br />

Dans un premier temps, je vais retracer brièvement l’histoire <strong>de</strong> l’École au Mali.<br />

Dans un second temps, il sera question du rôle <strong>de</strong> l’École dans la constitution <strong>de</strong>s<br />

dispositions sociales <strong>de</strong>s enquêtés. Sur ce point, je me bornerai aux données<br />

recueillies au sein <strong>de</strong> l’école privée Moribougou à Bamako 2 . Enfin, je montrerai<br />

comment l’instruction scolaire s’est intégrée au sein <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong>s enquêtés à <strong>de</strong>s<br />

fins <strong>de</strong> reproduction sociale.<br />

3.1 Qu’est-ce que l’École au Mali <br />

A. L’École coloniale<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

À l’époque coloniale, l’École faisait partie intégrante <strong>de</strong> la « mission<br />

civilisatrice » <strong>de</strong>s Français en Afrique Occi<strong>de</strong>ntale Française (AOF) 3 .<br />

« L’enseignement <strong>de</strong>vait aboutir à la constitution d’une élite, capables à la fois <strong>de</strong>s<br />

propager <strong>de</strong>s modèles axiologiques, juridiques et politiques occi<strong>de</strong>ntaux, et d’assister<br />

les administrateurs dans la constitution <strong>de</strong>s divers services <strong>de</strong> la Fédération 4 ». Il<br />

s’agissait également <strong>de</strong> former le « personnel indigène » <strong>de</strong> façon à disposer <strong>de</strong> relais<br />

efficaces auprès <strong>de</strong>s populations. En 1908, William Ponty, alors gouverneur général<br />

<strong>de</strong> l’AOF, déclarait :<br />

« En créant <strong>de</strong>s écoles, en étendant notre enseignement, [notre objectif] est<br />

<strong>de</strong> répandre dans le Soudan, en même temps que notre langue, nos idées <strong>de</strong><br />

civilisation, et <strong>de</strong> faire aussi <strong>de</strong> nos anciens élèves nos collaborateurs dans la<br />

gran<strong>de</strong> œuvre pacifique que nous poursuivons. Représentez-vous par la<br />

pensée quel progrès administratif et financier pourrions-nous<br />

1 Le premier établissement fût créé en 1854 par Louis Faidherbe à Kayes, ville située au Sud-Ouest du<br />

pays. Louis Faidherbe (1818-1889) était un militaire et un administrateur du Sénégal. Il y exerça la<br />

fonction <strong>de</strong> gouverneur <strong>de</strong> 1854 à 1861.<br />

2 La question <strong>de</strong> la carrière scolaire <strong>de</strong>s enquêtés sera abordée dans le chapitre suivant : « Pourquoi<br />

partir ». Voir également les lieux d’enquête, l’école Moribougou pp. 50-52.<br />

3 Crée en 1895, l’AOF comprenait huit colonies : le Sénégal, la Guinée, la Mauritanie, le Soudan<br />

français (<strong>de</strong>venu Mali), la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta , et le Dahomey (<strong>de</strong>venu Bénin).<br />

4 Étienne Gérard, La tentation du savoir en Afrique. Politiques, mythes et stratégies d’éducation au<br />

Mali, <strong>Paris</strong>, Karthala, 1997, p. 106.<br />

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