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Les bamakois diplômés de Paris

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<strong>de</strong> mes résultats, si j’avais <strong>de</strong> bonnes notes. […] Mais c’était pas une pression<br />

négative. C’était pour nous qu’ils faisaient ça. J’étais bien traité à la maison.<br />

C’était une pression au niveau <strong>de</strong> la réussite. Je m’entendais très très bien<br />

avec eux, j’étais très complice avec les parents.» Papus.<br />

Sanctionner les mauvaises notes, priver l’enfant <strong>de</strong> ses activités <strong>de</strong> loisirs<br />

(console <strong>de</strong> jeux, sorties, télévision, football, grins), s’assurer que les <strong>de</strong>voirs ont été<br />

faits, c’est avec cette « pression positive », « au niveau <strong>de</strong> la réussite », que les<br />

enquêtés ont effectué leur scolarité. « Réussir à l’école » a été une priorité <strong>de</strong> toute la<br />

famille :<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« Mais <strong>de</strong> toute façon, mes parents s’arrangeaient toujours pour qu’il y ait<br />

une personne pour vérifier nos <strong>de</strong>voirs. Si mes parents sont pas là, c’est ma<br />

grand–mère qui faisait ça. » Boubacar.<br />

On ne peut pas douter que les conditions économiques <strong>de</strong>s familles aient joué<br />

un rôle essentiel dans les carrières scolaires <strong>de</strong> mes interlocuteurs. La stabilité<br />

professionnelle du père (intégré dans les formes organisées du travail salarié) et la<br />

sécurité économique leur ont permis « bien sûr, <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la gestion du quotidien<br />

« au jour le jour », mais aussi d’apporter les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la régularité domestique<br />

d’ensemble : régularité <strong>de</strong>s activités et <strong>de</strong>s horaires familiaux, cadres temporels<br />

structurés et structurants 1 ».<br />

« Donc moi j’étais sous pression parce que ma maman elle me suivait tout le<br />

temps. Mais l’avantage que j’ai eu moi aussi, c’est que j’avais <strong>de</strong>s cours<br />

privés à domicile, gratuitement, par ses collègues… Prof <strong>de</strong> math, prof <strong>de</strong><br />

chimie, <strong>de</strong> biologie. Dans ma famille, c’était une priorité, pour tout le<br />

mon<strong>de</strong>, pour mes onze frères et sœurs… Mon père, il était vraiment axé sur<br />

ça. Mais au final c’était une pression positive… Donc, j’avais <strong>de</strong>s cours<br />

gratuitement, à mon grand désespoir… <strong>Les</strong> autres, ils finissaient l’école à<br />

15h, ils allaient au grin. Moi je finissais l’école et à 17h, le prof vient, ils me<br />

donnaient <strong>de</strong>s cours en plus jusqu’à 19h. Après, il discutait avec la maman.<br />

<strong>Les</strong> autres ils étaient au foot et moi j’étais à la maison. » Papus.<br />

On est dans l’ordre <strong>de</strong> la contrainte bien intériorisée par l’enfant puisque<br />

l’univers familial est qualifié <strong>de</strong> « positif ». Et cette intériorisation n’a été possible que<br />

1 Bernard Lahire, Tableaux <strong>de</strong> famille, <strong>Paris</strong>, Gallimard/Seuil, Hautes étu<strong>de</strong>s, 1995, p.23.<br />

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