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Les bamakois diplômés de Paris

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« Quand je suis arrivé en France ici, j’ai appelé mon oncle. Je lui ai dit que<br />

j’étais en France. Là, il était tout content, il m’a invité chez lui, il m’a<br />

présenté ses amis, sa femme. Il m’a <strong>de</strong>mandé : “Tu es là pourquoi Tu<br />

comptes rester “. Je lui ai dit que je n’avais pas le choix […], que je <strong>de</strong>vais<br />

recommencer tout à zéro. […] Alors là, c’est parti, il a essayé <strong>de</strong> me<br />

pistonner, il m’a trouvé un boulot au niveau <strong>de</strong> Tati 1 , là où il travaillait<br />

comme agent <strong>de</strong> sécurité. C’est là que j’ai commencé, j’ai bossé chez Tati<br />

pendant six mois en CDD. Je trouvais que ce coin là craignait un peu,<br />

Barbès.» Daouda.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« J’ai trouvé ce travail <strong>de</strong> bouche à oreille. Je me suis présenté avec un<br />

cousin qui avait déjà travaillé là-bas, [pour un mi-temps en restauration<br />

rapi<strong>de</strong>]. Ils m’ont pris comme ça, sans rien me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r […]. Je fais le<br />

nettoyage du restaurant pour l’instant. Mais je dois bientôt apprendre à me<br />

servir <strong>de</strong> la caisse, pour servir les clients […]. C’est mon premier travail,<br />

j’avais très peur au début… J’avais peur <strong>de</strong> mal faire.» Ladji.<br />

Ces <strong>de</strong>ux déclarations illustrent le mo<strong>de</strong> banal par lequel les enquêtés entrent<br />

dans <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> du travail français. Selon une logique d’entrai<strong>de</strong> <strong>de</strong> réseau - <strong>de</strong><br />

« bouche à oreille » pour reprendre l’expression courante, les proches sont <strong>de</strong>s<br />

intermédiaires efficaces pour faciliter la première embauche <strong>de</strong>s nouveaux<br />

immigrants. Agent <strong>de</strong> sécurité et agent d’entretien, les cas <strong>de</strong> Daouda et <strong>de</strong> Ladji<br />

indiquent cependant que cette première embauche ne se fait pas n’importe où dans<br />

l’espace professionnel parisien. Ce point est important.<br />

Dans le chapitre précédant, j’ai montré que la prise en charge d’un nouvel<br />

arrivant par le réseau migrant est aussi bien essentielle (hébergement, soutien<br />

financier, ai<strong>de</strong> à la découverte <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, etc.) que limitée (par la taille <strong>de</strong> l’habitat ou<br />

encore ses ressources économiques). Pour les enquêtés, cette inscription partielle<br />

dans le groupe d’accueil a eu les conséquences que l’on connaît : précarisation <strong>de</strong>s<br />

conditions <strong>de</strong> vie dans son ensemble, pério<strong>de</strong>s plus ou moins longues <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>,<br />

nécessité <strong>de</strong> répondre « individuellement » à l’exigence normative <strong>de</strong> l’autonomie<br />

rési<strong>de</strong>ntielle et financière. Ainsi, pour plusieurs interlocuteurs, il s’agissait <strong>de</strong><br />

« travailler au plus vite » (Maxime), « là où il y [avait] du boulot » (Yaya).<br />

même raison que celle évoquée plus haut (indétermination <strong>de</strong> leurs positions professionnelle), j’ai<br />

choisi <strong>de</strong> ne pas les inclure dans l’analyse qui suit.<br />

1 Tati est une chaîne <strong>de</strong> magasin.<br />

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