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Les bamakois diplômés de Paris

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pas les trois années d’étu<strong>de</strong>s qui lui sont imposées pour acquérir les savoirs<br />

spécifiques au métier <strong>de</strong> pharmacien en France :<br />

« On ne peut pas dire que je n’ai pas les compétences. On ne peut pas dire ça.<br />

On ne peut pas dire que les étu<strong>de</strong>s que j’ai faites [au Mali] ne sont pas les<br />

mêmes qu’ici. Ils ne peuvent pas dire ça. Franchement, trois ans minimum…<br />

mais c’est beaucoup trop !»<br />

Utile et frustrante à la fois, il reste que cette expérience universitaire a un coût<br />

financier qu’il faut assumer. Ainsi, comme 19,2% <strong>de</strong>s étudiants du supérieur en<br />

France 1 , Ibrahim est dans l’obligation <strong>de</strong> cumuler ses étu<strong>de</strong>s avec une activité<br />

rémunérée.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

«Je commençais les cours à 14 heures et je finissais à 17 heures […]. En<br />

même temps, je travaillais les nuits comme agent d’accueil. […]. J’ai trouvé<br />

ce boulot là par l’intermédiaire <strong>de</strong> l’agence intérimaire <strong>de</strong> Mamadou [le<br />

frère jumeau d’Ibrahim]. J’en profitais parce que je travaillais <strong>de</strong> 22 heures<br />

à 7 heures ou 8 heures du matin. [J’ouvre grand les yeux] Ouais… mais moi,<br />

ça m’arrangeait parce que j’étudiais mes cours, parce j’étais seul dans la<br />

loge. Quand je rentrais à la maison, je dormais jusqu’à midi, 4 ou 5 heures.<br />

Tu finis à 7 heures, le temps que tu arrives à la maison, il est déjà 8 heures<br />

30. Ça coïnci<strong>de</strong> avec le fait que les autres, ils se réveillent. Tu te couches,<br />

mais tu entends toujours les portes claquer. Donc le sommeil est perturbé.<br />

Mais disons que psychologiquement ça commençait à aller puisque j’avais<br />

déjà un emploi.»<br />

La double condition d’étudiant et <strong>de</strong> travailleur reflète la situation <strong>de</strong> tous les<br />

enquêtés qui ont entrepris d’obtenir un diplôme en France. Etudiants, ils sont aussi<br />

distributeur <strong>de</strong> journaux, livreur dans la restauration rapi<strong>de</strong>, gardien <strong>de</strong> parking,<br />

préparateur <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, vigile, etc. ; autant <strong>de</strong> « petits boulots » qui sont non<br />

seulement sans rapport avec leurs formations mais qui, bien souvent, imposent <strong>de</strong>s<br />

« horaires atypiques pour un salaire <strong>de</strong> misère » (Gaoussou). Ibrahim n’est donc pas<br />

un cas isolé.<br />

Bref, l’activité rémunérée <strong>de</strong> cet interlocuteur est donc nocturne. Horaires<br />

décalés, sommeil perturbé, fatigue, les contraintes du travail <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une<br />

gestion singulière <strong>de</strong> son emploi du temps. Comme l’écrit Michel Lallement :<br />

1 Elise Coudin et Chloé Tavan, « Deux étudiants du supérieur sur dix ont un emploi », INSEE<br />

Première, n°1204, 2008, p. 1. Url : http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1204/ip1204.pdf [consulté le<br />

20.11.11].<br />

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