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Les bamakois diplômés de Paris

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situations intermédiaires entre les <strong>de</strong>ux cas qui ont été présentés ici, on peut toutefois<br />

apporter un nouvel élément <strong>de</strong> réponse à la question du déclassement.<br />

Pour les enquêtés qui maintiennent la position <strong>de</strong> leur famille au Mali, ceux-là<br />

parviennent à rouvrir les portes <strong>de</strong> la mobilité familiale à Bamako en ayant leur place<br />

dans le cycle <strong>de</strong>s avances-restitutions. Si la plupart d’entre eux se considèrent<br />

déclassés professionnellement à <strong>Paris</strong>, ils s’estiment toutefois reclassés familialement<br />

à Bamako (« parce que tu remplis le contrat avec la famille <strong>de</strong> là-bas » dit en ce sens<br />

Youssouf). Ici, le déclassement est relatif.<br />

En revanche, pour les enquêtés qui sont insatisfaits <strong>de</strong> leur situation <strong>de</strong> travail<br />

en France et qui ne répon<strong>de</strong>nt pas conformément aux obligations <strong>de</strong> solidarité (c'està-dire<br />

selon les attentes du groupe <strong>de</strong> parenté), ceux-là sont placés dans une situation<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

<strong>de</strong> déclassement à la fois professionnel en France et familial à Bamako.<br />

∻<br />

La question posée dans cette section était <strong>de</strong> savoir si, pour les Bamakois<br />

diplômés <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>, l’on pouvait parler <strong>de</strong> déclassement. La réponse tend à être<br />

affirmative à condition d’y apporter plusieurs nuances.<br />

Premièrement, et comme le souligne Camille Peugny, « le déclassement reste<br />

avant tout un sentiment 1 ». Alors que le passage <strong>de</strong> la petite bourgeoisie <strong>bamakois</strong>e<br />

aux classes populaire ou moyenne inférieure parisiennes est vécu par certains<br />

enquêtés comme un déclassement, d’autres au contraire voient leurs aspirations<br />

sociales et économiques satisfaites en France (d’un point <strong>de</strong> vue professionnel par<br />

exemple).<br />

Deuxièmement, le déclassement n’est pas le résultat <strong>de</strong> l’immigration <strong>de</strong>s<br />

enquêtés en France. La mobilité sociale <strong>de</strong>scendante débute dans les années 90<br />

lorsque le Mali traverse une crise qui gèle les possibilités d’ascension professionnelle<br />

et familiale <strong>de</strong> mes interlocuteurs.<br />

Troisièmement, les revenus compensatoires perçus en France contrebalancent<br />

les effets du déclassement. L’ai<strong>de</strong> financière du premier cercle familial et/ou les<br />

revenus du travail du secteur informel compensent les contraintes économiques <strong>de</strong> la<br />

situation d’immigration.<br />

Quatrièmement, les transferts financiers <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> vers Bamako - lorsqu’ils<br />

répon<strong>de</strong>nt aux attentes du groupe <strong>de</strong> parenté résidant au Mali - donnent aux<br />

1 Camille Peugny, Le déclassement, <strong>Paris</strong>, Grasset, Mon<strong>de</strong>s Vécus, 2009, p.12.<br />

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