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Les bamakois diplômés de Paris

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disponibles. Cette démarche a non seulement duré un mois mais la parole <strong>de</strong> Mammy<br />

– au moment <strong>de</strong> l’entretien - était soumise au contrôle <strong>de</strong> son conjoint. On l’aura<br />

compris, les femmes sont les gran<strong>de</strong>s absentes <strong>de</strong> cette enquête.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Deuxièmement, l’enquête menée ces <strong>de</strong>rnières années est tributaire d’un<br />

contexte. Depuis les années 80, les populations migrantes d’Afrique subsaharienne<br />

installées en France ne cessent <strong>de</strong> se diversifier. C’est durant cette pério<strong>de</strong> – <strong>de</strong> 1980<br />

à nos jours - que <strong>de</strong> nouvelles strates migratoires se sont constituées, composées<br />

notamment <strong>de</strong> citadins ayant souvent un niveau <strong>de</strong> formation scolaire plus élevé que<br />

leurs prédécesseurs. L’accès aux ressources est facilité et l’exemple le plus significatif<br />

est le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> scolarisation <strong>de</strong>s enquêtés. Tous ont au minimum le niveau du<br />

baccalauréat et parle couramment le français. Ce point est important dans la mesure<br />

où la langue française a été la condition sine qua non pour l’établissement d’une<br />

communication avec mes interlocuteurs parisiens mais aussi <strong>bamakois</strong>.<br />

Mais plus important, ne maîtrisant pas la langue maternelle <strong>de</strong> mes<br />

interlocuteurs, le Bambara, c’est l’accès à une partie <strong>de</strong> leur réalité sociale qui m’a<br />

échappé. Car bien souvent, la langue maternelle prend le <strong>de</strong>ssus sur la langue<br />

française, particulièrement dans les moments d’entre-soi, obligeant les enquêtés à me<br />

traduire leurs propos.<br />

∻<br />

La métho<strong>de</strong> décrite au cours <strong>de</strong> cette première partie n’est qu’une manière <strong>de</strong><br />

faire parmi d’autres. Si les moyens utilisés pour recueillir les données empiriques<br />

apparaissent comme le résultat <strong>de</strong> tactiques 1 , il reste que la plupart <strong>de</strong> mes attitu<strong>de</strong>s<br />

sur le terrain a été adoptée « sur le moment ». De surcroît, les tactiques mises en<br />

place pour construire la relation d’enquête sont faillibles et ne mettent jamais le<br />

chercheur à l’abri <strong>de</strong>s tensions que peuvent générer sa présence dans un univers qu’il<br />

découvre au fil <strong>de</strong>s années.<br />

C’est pourquoi la position du chercheur dans le groupe social étudié ne dépend<br />

pas <strong>de</strong> sa simple volonté. Elle requiert nécessairement l’accord et l’appui <strong>de</strong>s<br />

1 Réduction <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> perturbation, priorité accordée aux observations, posture compréhensive, etc.<br />

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