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Les bamakois diplômés de Paris

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elle a été une source d’ambiguïté avec certains interlocuteurs, fait partie <strong>de</strong>s pratiques<br />

régulières du groupe social étudié, pratiques auxquelles j’ai été associé.<br />

D. Être présent<br />

Parmi les attentes <strong>de</strong>s enquêtés à mon égard, ma présence est, aujourd’hui<br />

encore, exigée aux évènements qui célèbrent une naissance, un baptême ou un<br />

mariage.<br />

[<strong>Paris</strong>, le 2.12.2010] Je reçois un appel masqué. Il est 22 heures, nous<br />

sommes un jeudi soir. C’est Mary au téléphone, le frère ca<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Mamadou.<br />

Mary : « Je ne savais pas à qui appartenait ce numéro. Ah, c’est donc<br />

toi, l’ami <strong>de</strong> Mamadou ».<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Hormis un entretien réalisé il y quelques années, je n’ai que très rarement<br />

eu l’occasion <strong>de</strong> croiser Mary durant l’enquête. Il nous faut pourtant échanger<br />

quelques mots, « pour parler ». Il m’apprend que la fête <strong>de</strong> Tabaski (fête du<br />

mouton) a lieu samedi. Je suis vexé <strong>de</strong> ne pas avoir été mis au courant. Mary<br />

m’indique l’adresse et le lieu en me disant : « Tu es le bienvenu ». Nous nous<br />

souhaitons une bonne soirée et raccrochons.<br />

J’appelle immédiatement Mamadou et Ibrahim pour en savoir plus sur<br />

l’organisation <strong>de</strong> la fête. Répon<strong>de</strong>urs. Je laisse <strong>de</strong>s messages l’air <strong>de</strong> rien en<br />

exprimant mon désir <strong>de</strong> les voir ce week-end. N’ayant aucune nouvelle, je<br />

passe le week-end et avec lui, je rate une occasion en or : la possibilité d’avoir<br />

un point <strong>de</strong> comparaison avec la fête <strong>de</strong> Tabaski observée à Bamako.<br />

Je retrouve Mamadou la semaine suivante au café « Le Bon Pêcheur ».<br />

Il me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’expliquer mon absence. À peine ai-je le temps <strong>de</strong> me<br />

justifier que Mamadou prend la parole :<br />

« Arrête, j’ai eu Mary. Il m’a dit que tu venais, c’était ok pour nous…<br />

En plus il y avait tout le mon<strong>de</strong>… Ils t’attendaient […] David, tu es venu<br />

jusqu’à chez nous, dans ma famille, tu as vu mon père, mes tantes.<br />

Pour nous c’est très important ça. C’est comme si tu faisais partie <strong>de</strong> la<br />

famille. Alors que ce soit moi, Mary ou n’importe lequel <strong>de</strong>s mes frères,<br />

c’est la même chose. Si Mary t’a dit <strong>de</strong> venir c’est comme si Daouda,<br />

moi ou Ibrahim t’avait dit <strong>de</strong> venir. Tu as compris ça ».<br />

Mamadou, ayant mis les points sur les « i », nous changeons <strong>de</strong> sujet et<br />

abordons notre sujet <strong>de</strong> conversation favori : les filles.<br />

Mon absence à la fête <strong>de</strong> Tabaski a une conséquence immédiate : Mamadou s’est<br />

rendu moins disponible au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux semaines qui suivirent cette conversation.<br />

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