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Les bamakois diplômés de Paris

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3.1 La fonction sociale <strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong> soi<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« Toutes les relations entre les hommes – écrit Georg Simmel – reposent […]<br />

sur le fait qu’ils savent <strong>de</strong>s choses les uns sur les autres 1 ». Ce savoir réciproque est,<br />

cela va <strong>de</strong> soi, nécessairement incomplet puisque nous ne pouvons pas accé<strong>de</strong>r à<br />

l’autre <strong>de</strong> manière absolue (<strong>de</strong> même que, par ailleurs, nous n’avons qu’un accès<br />

partiel à nous-mêmes). Ainsi l’on se forge, à partir <strong>de</strong> fragments d’informations, une<br />

vision unitaire <strong>de</strong> la personne, aux frontières mouvantes, réajustées à chaque<br />

nouvelle interaction.<br />

« Savoir à qui l’on a à faire, telle est la condition première pour avoir à faire à<br />

quelqu’un ; l’usage <strong>de</strong> se présenter l’un à l’autre lors d’une conversation prolongée ou<br />

d’une rencontre sur le même terrain social, même s’il apparaît largement comme une<br />

forme creuse, symbolise bien cette connaissance réciproque qui est l’a priori <strong>de</strong> toute<br />

relation 2 ».<br />

Pour autant, les éléments d’i<strong>de</strong>ntification retenus comme significatifs lors d’une<br />

rencontre sociale ne se fixent pas au hasard. Ils sont déterminés sociologiquement. La<br />

question est donc <strong>de</strong> savoir ce que l’on cherche à connaître <strong>de</strong> l’autre afin que puisse<br />

s’enclencher le processus d’interconnaissance.<br />

A. Du nom <strong>de</strong> famille…<br />

[Bamako, le 9.12.2007] Je ne compte plus les fois où mes interlocuteurs<br />

m’ont <strong>de</strong>mandé mon nom <strong>de</strong> famille, mon « diamu » en bambara. À<br />

l’évocation <strong>de</strong> celui-ci, les réactions sont toujours <strong>de</strong>s réactions d’étonnement<br />

ou d’incompréhension. Au Mali, prendre connaissance du nom, c’est situer<br />

une famille, son histoire, son origine géographique et ethnique mais aussi,<br />

parfois, sa réputation. Le diamu est une <strong>de</strong>s toutes premières informations<br />

<strong>de</strong>mandées pour situer socialement un individu. Or, mon nom n’indique rien<br />

aux Bamakois, si ce n’est que je suis étranger au système d’interconnaissance<br />

du Mali.<br />

Le patronyme, comme partout, désigne le groupe <strong>de</strong> parenté. Mais en Afrique<br />

subsaharienne, il a ceci <strong>de</strong> particulier qu’il contient « en lui-même » une série<br />

d’informations qui n’ont pas besoin d’être formulées. Pour Mamadou, ce co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

noms <strong>de</strong> famille « est connu <strong>de</strong> tous les Africains » :<br />

1 Georg Simmel, Secret et sociétés secrètes, <strong>Paris</strong>, Circé/poche, 1996, p.7.<br />

2 Ibid., p.8.<br />

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