22.06.2013 Views

3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

taxique <strong>et</strong> sémantico-référentiel (voir p. 53). Le fait est bien connu <strong>et</strong> l’on reprendra<br />

simplement les observations de Jack Feuill<strong>et</strong>:<br />

«Un des traits les plus remarquables de c<strong>et</strong>te analyse est l’utilisation de critères différents<br />

pour définir les constituants: le nom est ‹le mot qui sert à désigner, à ‘nommer’ les êtres<br />

animés <strong>et</strong> les choses [. . .], non seulement les obj<strong>et</strong>s, mais encore les actions, les sentiments<br />

[<strong>et</strong>c.]› (Grevisse 1969, 172), le verbe ‹est le mot qui exprime soit l’action faite ou subie par<br />

le suj<strong>et</strong>, soit l’existence ou l’état du suj<strong>et</strong>, soit l’union de l’attribut au suj<strong>et</strong>› (Grevisse 1969,<br />

533) [. . .] On a affaire ici à des définitions de type notionnel, alors que pour le pronom (qui<br />

remp<strong>la</strong>ce le nom), l’adjectif (qui accompagne le substantif) [<strong>et</strong>c.], on a des définitions de type<br />

fonctionnel qui se distinguent des définitions de type positionnel utilisées pour <strong>la</strong> préposition<br />

(‹p<strong>la</strong>cée devant› le substantif) [. . .].» (Feuill<strong>et</strong> 1988, 61, typographie modifiée).<br />

Un tel c<strong>la</strong>ssement ne peut servir de base à des dépouillements systématiques, parce<br />

qu’il ne perm<strong>et</strong> pas de déterminer avec exactitude en quelle proportion les phénomènes<br />

observés au niveau du verbe ou du nom, par exemple, sont comparables. De plus, d’un<br />

point de vue plus pratique, il <strong>la</strong>isse une grande <strong>la</strong>titude à l’intuition de l’analyste (un<br />

nom peut également exprimer une action. . .) <strong>et</strong> se révèle très difficile à m<strong>et</strong>tre en œuvre<br />

<strong>dans</strong> le cadre d’un balisage exhaustif. Faute de cadre rigoureusement défini, le point<br />

de vue sémantico-référentiel mène à des résultats peu fiables.<br />

3.3.2 L’impasse de <strong>la</strong> voie syntaxique<br />

Il est donc essentiel de choisir un critère <strong>et</strong> de s’y tenir pour arriver à un c<strong>la</strong>ssement<br />

consistant. Le critère qui paraît le plus rigoureux est d’ordre syntaxique. Pour les linguistes<br />

qui l’adoptent, les lexèmes peuvent être c<strong>la</strong>ssés en fonction de l’information –<br />

stockée <strong>dans</strong> le lexique – qui concerne leurs compatibilités syntaxiques (Feuill<strong>et</strong> 1988,<br />

67–68). C’est <strong>la</strong> perspective de Lucien Tesnière (1965) <strong>et</strong>, à sa suite, de Paul Garde<br />

(1981) <strong>et</strong> d’A<strong>la</strong>in en particulier Lemaréchal (1989).<br />

Lucien Tesnière <strong>et</strong> les partisans de son modèle considèrent que les lexèmes possèdent<br />

intrinsèquement des compatibilités avec d’autres lexèmes, qui leur perm<strong>et</strong>tent<br />

de fonctionner automatiquement avec ces derniers (principe de connexion,→3.2.1);<br />

par exemple, un adjectif <strong>et</strong> un substantif mis en présence l’un de l’autre contracteraient<br />

automatiquement une connexion. C<strong>et</strong>te théorie de <strong>la</strong> connexion va de pair avec<br />

celle de <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion, qui perm<strong>et</strong>, à l’aide d’autres mots ou morphèmes que Lucien<br />

Tesnière nomme trans<strong>la</strong>tifs, à des mots qui ne sont pas compatibles 41 de contracter<br />

néanmoins une connexion. 42 Il affirme que <strong>dans</strong> le livre d’Alfred, si le substantif Alfred<br />

est capable de se connecter à livre, c’est parce qu’il a été transféré en adjectif. 43<br />

Suivant le modèle tesniérien, Paul Garde c<strong>la</strong>sse ainsi les parties du discours du<br />

russe par rapport aux re<strong>la</strong>tions de dépendance qu’elles peuvent entr<strong>et</strong>enir. 44 Établir<br />

41<br />

Il y a «changement de nature syntaxique» (Tesnière 1965, ch. 151, §19).<br />

42<br />

Lucien Tesnière ne limite pas <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion à un phénomène marqué par un segment. Il peut<br />

y avoir trans<strong>la</strong>tion sans trans<strong>la</strong>tif (1965, ch. 162, §1). Ce<strong>la</strong> pose le problème méthodologique<br />

des marques ø, sur lequel on ne s’attardera pas ici.<br />

43<br />

Voir cependant Lemaréchal 1989, 129–138 pour une révision de c<strong>et</strong>te analyse, présentée<br />

synthétiquement p. 126 ci-dessous.<br />

44<br />

Voir supra (→3.2.1.1) <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong> dépendance <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conception de Lucien Tesnière<br />

<strong>et</strong> de ses continuateurs.<br />

70

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!