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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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a. Cohérence à travers le corpus. Trois tendances ont pu être décelées, en fonction<br />

de <strong>la</strong> structure impliquée. Les phrases sont les unités les plus stables <strong>et</strong> l’attraction<br />

qu’elles manifestent vis-à-vis du marquage semble répandue <strong>dans</strong> presque tout le corpus.<br />

L’inverse est vrai de <strong>la</strong> part des propositions immédiates, qui rej<strong>et</strong>te au contraire<br />

fortement <strong>la</strong> présence de <strong>ponctuation</strong>, en particulier à l’initiale.<br />

Par ailleurs, les derniers tests effectués sur les proportions de marquage final par<br />

document ont montré que non seulement les propositions de fonction argumentale ne<br />

sont pas nécessairement toujours moins marquées que les phrases, mais surtout que<br />

leur marquage se fait de manière différente suivant le document <strong>dans</strong> lequel on les<br />

rencontre. La présence de <strong>ponctuation</strong> est d’autre part visiblement liée au reste des<br />

tendances concernant les autres propositions, puisque <strong>la</strong> proportion de phrases <strong>et</strong> de<br />

subordonnées de fonction immédiate marquées augmente avec celle des subordonnées<br />

argumentales. Ce<strong>la</strong> a d’importantes conséquences sur <strong>la</strong> manière dont nous devrions,<br />

à l’avenir, considérer l’é<strong>la</strong>boration du corpus: pour c<strong>la</strong>sser les documents <strong>et</strong> tenter<br />

d’expliquer c<strong>et</strong>te variation, il serait nécessaire d’avoir à notre disposition un ensemble<br />

de variables supplémentaires, définissant les documents de manière plus externe. Il<br />

est possible qu’on puisse décrire les chartes émanées de certaines autorités ou datant<br />

d’une certaine époque comme étant plus ou moins marquées que <strong>la</strong> moyenne.<br />

Malheureusement, c<strong>et</strong>te démarche n’est pas possible à l’heure actuelle, où le corpus<br />

exploitable est encore bien maigre.<br />

b. La phrase comme «unité de lecture». Quoi qu’il arrive, <strong>la</strong> phrase est toujours n<strong>et</strong>tement<br />

distinguée des autres propositions par le fait qu’elle attire plus systématiquement<br />

un ponctogramme à chacune de ses bornes. C<strong>et</strong>te observation est extrêmement importante:<br />

elle montre que l’unité phrase, telle que nous l’avons définie empiriquement <strong>et</strong><br />

telle que l’ont conçue intuitivement les philologues jusqu’à présent, constituait réellement<br />

une unité de lecture pour les scribes. Ces derniers ressentaient le besoin d’en<br />

marquer le début <strong>et</strong> <strong>la</strong> fin plus souvent qu’ils ne marquaient les limites des propositions<br />

n’ayant pas le statut d’énoncé.<br />

Au delà de <strong>la</strong> significativité de <strong>la</strong> différence, l’intensité montre à quel point elle<br />

était présente: nous avons remarqué que les rapports de chances, notamment ceux<br />

impliqués <strong>dans</strong> l’étude de PPD (→6.1.1.1), étaient énormes. La distinction entre les<br />

différents types de subordonnées est plus floue.<br />

L’étude répond donc à une question fondamentale à <strong>la</strong>quelle les premiers travaux<br />

sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale avaient mené:<br />

«[Selon Hélène Naïs 1979, <strong>dans</strong> le ms. B de <strong>la</strong> Conqueste de Constantinople, l]a <strong>ponctuation</strong><br />

n’a pas de caractère grammatical, elle vise plutôt à m<strong>et</strong>tre en valeur les qualités esthétiques<br />

des pages <strong>et</strong> à souligner les éléments intéressants du texte (les sous-titres étant absents), de<br />

sorte qu’il est difficile de repérer les éléments initiaux de <strong>la</strong> phrase – ce qui pose <strong>la</strong> question<br />

de savoir à quelle réalité correspond <strong>la</strong> notion de phrase en ancien français.» (Gruaz 1980,<br />

9, nous soulignons).<br />

Comment les scribes médiévaux concevaient-ils <strong>la</strong> phrase d’un point de vue morphosyntaxique?<br />

Au regard de ce que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> des chartes peut nous apprendre, il y<br />

a tout lieu de croire que leurs conceptions ne différaient pas grandement des nôtres.<br />

c. Proportions expliquées. Il est dès lors utile d’examiner les tendances sous un autre<br />

angle, en observant non plus les mots, mais les positions entre les mots. Ces positions<br />

sont alors considérées comme des individus <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent de ne plus distinguer<br />

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