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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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avec des indices actanciels intra- ou paraverbaux» est un critère «de premier ordre»<br />

pour <strong>la</strong> définition des actants (Lazard 1994, 68). Voici son analyse:<br />

«Le français, lui, a quatre séries [d’indices actanciels], 98 , dont trois sont illustrées par (8a <strong>et</strong><br />

b).<br />

(8a) Nobel a légué ses biens à l’Académie suédoise<br />

(8b) Il les lui a légués<br />

Dans (8b), <strong>la</strong> première série est représentée par le morphème de <strong>la</strong> 3 e personne du singulier<br />

<strong>dans</strong> le verbe (a) <strong>et</strong> le ‹pronom conjoint› [72] il; <strong>la</strong> deuxième série l’est par le ‹pronom›<br />

les <strong>et</strong> <strong>la</strong> marque de pluriel <strong>dans</strong> le participe (légués); <strong>la</strong> troisième l’est par le «pronom» lui.<br />

Dans (8a), <strong>la</strong> fonction actancielle de chacun des termes nominaux se <strong>la</strong>isse identifier par <strong>la</strong><br />

série d’indices actanciels avec <strong>la</strong>quelle ils sont en corré<strong>la</strong>tion: Nobel est en coréférence avec<br />

le morphème verbal de <strong>la</strong> 3 e personne du singulier <strong>et</strong> en distribution complémentaire avec<br />

il (1 re série); ses biens est en distribution complémentaire avec les (2 e série); à l’Académie<br />

suédoise est en distribution complémentaire avec lui (3 e série).» (Lazard 1994, 71–72).<br />

Or, le paradigme de ce pronom n’a que peu varié depuis l’ancien français. Il est<br />

possible que l’analyse proposée par Gilbert Lazard convienne à c<strong>et</strong> état de <strong>la</strong>ngue.<br />

Tentons de le montrer progressivement. Nous verrons en premier lieu que le pronom<br />

personnel de <strong>la</strong> troisième personne associe un rôle spécifique à chacune des formes de<br />

son paradigme (→a), ce qui peut être employé pour définir les re<strong>la</strong>tions syntaxiques<br />

liant ce pronom au prédicat (→b). Nous étendrons ensuite ces conclusions aux constituants<br />

qui commutent avec ces formes pronominales (→c), avant d’aborder des cas<br />

particuliers (→d <strong>et</strong>→e).<br />

a. Formes du pronom <strong>et</strong> rôles sémantiques. L’ancien français est déjà une <strong>la</strong>ngue en<br />

grande partie analytique, <strong>et</strong> <strong>la</strong> déclinaison y exprime un nombre re<strong>la</strong>tivement restreint<br />

de re<strong>la</strong>tions. De plus, le foisonnement des paradigmes limite son efficacité. Toutefois,<br />

le pronom «personnel de <strong>la</strong> troisième personne» (il ou elle) offre encore un potentiel<br />

flexionnel riche <strong>et</strong> apte à exprimer un certain nombre de rôles de manière univoque.<br />

Les grammairiens s’accordent pour reconnaître trois formes au masculin singulier: il,<br />

le, li, qui sont les formes «de base» du pronom. 99 Les formes le <strong>et</strong> li alternent avec<br />

une forme dite «forte» (lui), en fonction de contraintes séquentielles par rapport au<br />

prédicat 100 ou aux «prépositions».<br />

Comment l’ancien français m<strong>et</strong>-il en re<strong>la</strong>tion ces formes de base avec les rôles<br />

sémantiques joués par les participants? La forme il correspond généralement à l’agent<br />

de <strong>la</strong> phrase active bi– ou triactancielle; de même, on <strong>la</strong> r<strong>et</strong>rouve comme actant de <strong>la</strong><br />

phrase uniactantielle:<br />

«nos avons fait homages [3] a no signeur Robert [. . .] des fiez de Natoie, ensi cum [4] il est»<br />

(Document 1242–05–02, 2).<br />

« il recevra <strong>et</strong> prendra les fruis <strong>et</strong> les rentes <strong>et</strong> tenra toutes les seigno-[7]-ries entierement, ensi<br />

com il les a tenues tous jors» (Document 1264–04, 6).<br />

98<br />

Note <strong>dans</strong> le texte: «Je <strong>la</strong>isse ici de côté y <strong>et</strong> en qui remplissent des fonctions diverses,<br />

actancielles ou non [. . .].»<br />

99<br />

Les formes dites «réfléchies» du pronom ne sont pas utiles à l’argumentation qui suit; elles<br />

ne seront pas prises en considération ici.<br />

100<br />

Voir le premier chapitre de <strong>la</strong> thèse de Povl Skårup (1975), <strong>dans</strong> lequel il explique que <strong>la</strong><br />

distinction entre les formes «fortes» <strong>et</strong> «faibles» du pronom personnel n’est pas liée à l’accentuation,<br />

mais à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu’il occupe par rapport au prédicat.<br />

91

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