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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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3.1.3.2 Comprendre un état de <strong>la</strong>ngue passé<br />

La constante interférence entre les points de vue n’est malheureusement pas <strong>la</strong> seule<br />

difficulté dont il faut tenir compte. Comme nous travaillons sur l’ancien français, nous<br />

sommes immédiatement confronté à un problème méthodologique majeur: <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

que nous étudions n’est plus <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue d’aucun locuteur vivant.<br />

a. La reconstruction du sens. Christiane Marchello-Nizia (1985, 483–484) l’explique<br />

très c<strong>la</strong>irement: il faut être locuteur natif pour pouvoir dire si un énoncé possède ou<br />

non du sens ou si plusieurs énoncés ont le même sens. Pour le descripteur, seule <strong>la</strong><br />

reconstruction du sens est envisageable, <strong>la</strong>quelle peut parfois se faire simplement à<br />

l’aide des grammaires <strong>et</strong> des dictionnaires disponibles. . . <strong>et</strong> aboutit à une traduction.<br />

L’auteur souligne qu’il ne faut jamais oublier que c<strong>et</strong>te reconstruction, souvent perfectible<br />

<strong>et</strong> parfois franchement insuffisante, est avant tout une hypothèse, qui peut être<br />

renforcée ou affaiblie par des recherches ultérieures.<br />

Nous pensons que les chartes constituent un terrain d’enquête privilégié. 21 Grâce<br />

aux historiens <strong>et</strong> aux diplomatistes, notamment, nous sommes à même de cerner l’enjeu<br />

pragmatique des textes, <strong>et</strong> leur mise en série confirme généralement les hypothèses<br />

que nous pouvons formuler concernant leur sens.<br />

b. Stabilité de <strong>la</strong> description morphologique. Pour l’ancien français en général, il<br />

semble que nous puissions compter sur une série d’hypothèses stables. Ainsi, on adm<strong>et</strong><br />

généralement que <strong>la</strong> morphologie de l’ancien français est re<strong>la</strong>tivement bien décrite <strong>et</strong><br />

consensuelle:<br />

«[L]a morphologie du nom <strong>et</strong> celle du verbe (qui englobent l’ensemble des prédéterminants<br />

du substantif <strong>et</strong> des pronoms) configurent un domaine privilégié où le descripteur se sent à<br />

l’aise. Il n’encourt là aucun risque de comm<strong>et</strong>tre des anachronismes. L’identification, l’analyse<br />

des morphèmes, leur attribution à tel ou tel dialecte requièrent des compétences étendues<br />

mais qui excluent, à ce niveau, une interprétation de rendement expressif de ces traits.<br />

Il n’est donc pas surprenant que <strong>la</strong> morphologie soit <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus solide de <strong>la</strong> ‹grammaire›<br />

de l’ancien français.» (Wagner 1974, 56).<br />

Même s’il faut re<strong>la</strong>tiviser c<strong>et</strong>te prétendue absence de risque, 22 les grammairiens <strong>et</strong><br />

linguistes de l’ancien français m<strong>et</strong>tent à notre disposition un système «qui marche»,<br />

<strong>et</strong> qui est basé sur <strong>la</strong> compréhension. C’est parce que nous comprenons les phrases<br />

«Et nos, maire <strong>et</strong> eskeviens devant dit, par jugement, si ke drois <strong>et</strong> lois [17] porte, afaitames<br />

cest hyr<strong>et</strong>age a <strong>la</strong> maison del Vauz Saint Lambert» (Document 1270–03–24, 16).<br />

«me sires Wilhames afaiterat a le glise totes ces choses devant dittes» (Document<br />

1278–08–01, 10).<br />

«Et <strong>la</strong> afaitat [4] <strong>et</strong> werpit <strong>et</strong> quittat chi Libiers desur_dis a me dame l’abbesse <strong>et</strong> a frere<br />

21 On ne peut pas en dire autant de l’ensemble des textes en ancien français (Wagner 1974, 70).<br />

22 Jean-Pierre Chambon 2003 a ainsi pu proposer une révision de <strong>la</strong> description morphologique<br />

de <strong>la</strong> flexion substantivale en l’ancien occitan al<strong>la</strong>nt <strong>dans</strong> le sens d’une très importante simplification.<br />

Il conclut par ailleurs son étude en disant: «Il est connu que <strong>la</strong> flexion substantivale<br />

en ancien occitan diffère peu de ce qu’on observe en ancien français <strong>et</strong> en ancien provençal.<br />

On peut donc s’attendre à ce que ce type d’analyse que nous avons préconisé ci-dessus puisse<br />

convenir aux deux autres <strong>la</strong>ngues médiévales de <strong>la</strong> Galloromania [. . .]».<br />

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