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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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c. Occurrences, mots <strong>et</strong> lexèmes. Enfin, nous voudrions poser ici une importante distinction,<br />

dont nous aurons constamment besoin. Dans son excellent Comprendre <strong>la</strong><br />

linguistique (2002), Robert Martin oppose trois niveaux d’abstraction. Reprenons ses<br />

termes:<br />

«Les énoncés sont construits, selon les besoins, au moyen d’un instrument qui perm<strong>et</strong> de les<br />

générer (<strong>et</strong>, inversement, de les comprendre). Constitué de signes <strong>et</strong> de règles combinatoires,<br />

c<strong>et</strong> instrument n’est autre que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. F. de Saussure (Cours de linguistique générale,<br />

1916) a opposé n<strong>et</strong>tement <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> <strong>la</strong> parole: <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est un système inscrit <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mémoire<br />

commune, qui perm<strong>et</strong> de produire <strong>et</strong> de comprendre l’infinité des énoncés; <strong>la</strong> parole est<br />

l’ensemble des énoncés effectivement produits. Depuis, on a ajouté (notamment le linguiste<br />

français G. Guil<strong>la</strong>ume) un troisième terme, celui de discours: le discours est l’ensemble infini<br />

des énoncés possibles, dont <strong>la</strong> parole est un sous-ensemble réalisé. La <strong>la</strong>ngue est alors<br />

le système capable d’engendrer (<strong>et</strong> de décoder) le discours.» (55, italiques emphatiques en<br />

grasses <strong>dans</strong> le texte).<br />

À chacun de ces trois niveaux d’abstraction (<strong>la</strong>ngue, parole <strong>et</strong> discours 10 ), nous ferons<br />

correspondre trois concepts différents. Au niveau le plus concr<strong>et</strong>, celui des formes attestées,<br />

nous rencontrons des occurrences séparées les unes des autres par des b<strong>la</strong>ncs<br />

(que ces b<strong>la</strong>ncs soient reconstruits par <strong>la</strong> démarche éditoriale ou non). Nous pouvons<br />

regrouper un ensemble d’occurrences en vertu de leur équivalence de forme d’expression<br />

<strong>et</strong> de contenu, <strong>et</strong> les représenter par une seule unité, plus abstraite, à <strong>la</strong>quelle nous<br />

réserverons le nom de mot. Par exemple, <strong>dans</strong> l’extrait<br />

«cilh ki sont <strong>et</strong> ki a_venir sont» (Document 1274–05–31b, 2).<br />

il y a deux occurrences du mot sont. Ainsi l’occurrence relève de <strong>la</strong> parole (elle est<br />

attestée <strong>dans</strong> un énoncé effectivement réalisé), alors que le mot fait plutôt partie du<br />

discours. Mais nous savons que le mot sont entr<strong>et</strong>ient une re<strong>la</strong>tion particulière avec<br />

d’autres mots, comme estre, est, estoient, <strong>et</strong>c. Toutes ces formes sont des formes fléchies<br />

relevant, dira-t-on en termes traditionnels, du même paradigme. On atteint ici<br />

le niveau de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue: celui de l’inventaire des signes <strong>et</strong> des règles qui perm<strong>et</strong>tent<br />

de les employer. C<strong>et</strong> ensemble de formes fléchies peut à son tour être représenté par<br />

une unité, plus abstraite encore, que nous nommerons lexème, <strong>la</strong> considérant comme<br />

une unité de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Par commodité, nous emploierons les conventions traditionnelles<br />

pour donner une forme d’expression à c<strong>et</strong>te unité très abstraite, représentant les<br />

«verbes» par leur infinitif (estre, <strong>dans</strong> notre exemple) <strong>et</strong> les «noms» par leur forme<br />

neutralisée. Par ailleurs, nous emploierons le terme lexème indifféremment pour les<br />

mots «lexicaux» comme chevalier, afaitier, <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> pour les mots «grammaticaux»,<br />

comme il, de, <strong>et</strong>c. Nous donnons ainsi au terme le sens pratique d’‘unité du dictionnaire’.<br />

d. Définitions. Nous devons donc définir précisément les concepts de mot, occurrence<br />

<strong>et</strong> lexème. Pour c<strong>et</strong>te étude, il nous semble que les définitions formalisées suivantes<br />

peuvent convenir: 11 au niveau de <strong>la</strong> parole se trouve l’occurrence (figure 3.3); au<br />

niveau du discours se trouve le mot (figure 3.4); au niveau de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue se trouve le<br />

lexème (figure 3.5).<br />

10 L’acception du terme est donc ici différente de celle que lui donne Jean-Michel Adam <strong>et</strong> que<br />

nous avons mentionnée ci-dessus (→3.1.2.1 b).<br />

11 Elles se révèleraient sans doute insuffisantes pour mener une réflexion plus approfondie.<br />

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