22.06.2013 Views

3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

phèmes noteraient des phonèmes (Catach 1998, 63), ce qui contribuerait d’après elle<br />

à justifier une approche prenant l’oral comme point de référence.<br />

b. Perspective autonomiste. Jacques Anis (1988, 213) adopte <strong>la</strong> position selon <strong>la</strong>quelle<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue «existe sous deux formes [orale <strong>et</strong> écrite], entre lesquelles <strong>la</strong> linguistique<br />

ne postule ni hiérarchie, ni dépendance»; il qualifie lui-même c<strong>et</strong>te position<br />

d’autonomiste. La théorie, mise au point par Jacques Anis <strong>dans</strong> les années 80 (Anis<br />

1983; Anis 1988; Anis <strong>et</strong> al. 1988), se réc<strong>la</strong>me de Josef Vachek (1973). Il faut y voir<br />

une option méthodologique qui se positionne par rapport aux conceptions généralement<br />

acceptées jusqu’alors <strong>et</strong> dont Nina Catach est le représentant le plus engagé.<br />

Selon les autonomistes, les théories modernes de <strong>la</strong> lecture (Anis 1983, 32) ayant mis<br />

en évidence qu’il était possible de comprendre un texte écrit sans accès à <strong>la</strong> forme<br />

phonique correspondante, il est envisageable de décrire <strong>la</strong> structure du code écrit indépendamment<br />

du code oral.<br />

Les tentatives de descriptions autonomistes, peu nombreuses au demeurant,<br />

nomment également graphèmes les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite. Jacques Anis répartit les<br />

graphèmes en trois c<strong>la</strong>sses qu’il définit comme suit: les alphagrammes ou ‘graphèmes<br />

alphabétiques, unités purement distinctives’; les topogrammes, ‘graphèmes ponctuotypographiques,<br />

qui contribuent à <strong>la</strong> production du sens, en tant qu’organisateurs de<br />

<strong>la</strong> séquentialité <strong>et</strong> indicateurs syntagmatiques <strong>et</strong> énonciatifs’; <strong>et</strong> les logogrammes ou<br />

‘graphèmes correspondant à une unité significative’ (Anis 1998, 15). La c<strong>la</strong>sse des<br />

topogrammes correspond ainsi à une fonction, définie exclusivement par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entr<strong>et</strong>enue entre les unités graphiques. 8<br />

c. Positionnement. Les deux perspectives, qui par ailleurs ne sont pas incompatibles<br />

(Swiggers/Van Hoecke 1991), se défendent, <strong>et</strong> ce n’est pas le lieu de juger du bienfondé<br />

de l’une ou de l’autre. Néanmoins, au vu de nos objectifs pratiques, il semble<br />

raisonnable d’opter pour un regard autonomiste.<br />

Il est vrai que d’un point de vue historique les pratiquants eux-mêmes considèrent<br />

les codes comme indépendants (Parkes 1992, 34), mais le plus important des arguments<br />

p<strong>la</strong>idant en faveur de c<strong>et</strong>te approche est d’ordre épistémologique. Bien qu’encore<br />

au stade de «proto-science», <strong>la</strong> linguistique doit néanmoins avoir pour objectif<br />

de devenir un jour une science à proprement parler, <strong>et</strong> donc d’employer des méthodes<br />

appropriées. La falsifiabilité d’une théorie par les données de l’expérience doit être un<br />

impératif. La «méthodologie falsificationniste», due à Karl Popper (cf. Barreau 2002,<br />

47), est conçue comme une alternative à une inexistante logique inductive. La condition<br />

nécessaire à <strong>la</strong> validité de toute science empirique est que le modèle doit pouvoir<br />

être partiellement ou totalement remis en cause lorsqu’il est confronté à des données<br />

qui ne s’y conforment pas. Or, nous ne savons rien – <strong>et</strong> nous ne saurons probablement<br />

jamais grand-chose – sur l’intonation médiévale. C’est pourquoi l’attitude glossographique<br />

ne pourrait dépasser <strong>dans</strong> ce cadre l’étape de <strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion: pas de donnée,<br />

pas de théorie. Dans l’éventualité où <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> renseignerait sur c<strong>et</strong>te intonation,<br />

c<strong>et</strong>te dernière serait le point d’arrivée de <strong>la</strong> démarche, pas son point de départ. La re<strong>la</strong>tion<br />

entre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> du treizième siècle <strong>et</strong> l’intonation de <strong>la</strong> même époque ne doit<br />

pas être envisagée, non que c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion soit invraisemb<strong>la</strong>ble, mais il est impossible<br />

d’évaluer <strong>la</strong> validité d’une éventuelle reconstruction.<br />

8 Voir cependant <strong>la</strong> critique que Roy Harris formule à ce suj<strong>et</strong> (→2.2.3).<br />

23

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!