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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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«[L]a décomposition du texte en phrases ne saurait se faire sur le modèle de <strong>la</strong> décomposition<br />

de <strong>la</strong> phrase en ses unités inférieures.» (Sout<strong>et</strong> 1998, 8).<br />

La question qui se pose évidemment d’emblée est de savoir comment délimiter<br />

les unités intégrées pour former le texte, sans se servir de ce qu’elles contiennent pour<br />

procéder. 63 Les tenants de <strong>la</strong> glossématique préconisent ainsi le recours à <strong>la</strong> prosodie<br />

pour déterminer les contours de <strong>la</strong> phrase:<br />

«Le point de départ d’une procédure analytique est <strong>la</strong> phrase du contenu, définie par son<br />

rapport avec <strong>la</strong> modu<strong>la</strong>tion [c’est-à-dire <strong>la</strong> prosodie]. La matière première de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> est<br />

donc un inventaire de toutes les unités de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue qui peuvent jouer le rôle de phrase.»<br />

(Togeby 1965, 62).<br />

Mais c<strong>et</strong>te façon de faire pose problème. En eff<strong>et</strong>, si l’on n’hésite pas à faire de l’intonation<br />

une propriété de l’obj<strong>et</strong> recouvert par le concept d’énoncé,<br />

«[. . .] une production linguistique acceptée par les locuteurs natifs comme complète <strong>et</strong> possédant<br />

une intonation reconnue comme liée à ce fait.» (Hagège 1999, 27).<br />

de manière générale, l’énoncé ne correspond toutefois pas forcément à <strong>la</strong> phrase.<br />

Prenons un exemple moderne (pour éviter de compliquer l’exposé): les segments La<br />

porte! ou Magnifique! prononcés <strong>dans</strong> des situations adéquates sont considérés comme<br />

des énoncés – suivant <strong>la</strong> définition donnée précédemment (→3.1.3.1 a) –, mais ils<br />

obéissent à des règles de formation différentes de celles mobilisées pour construire<br />

Ferme <strong>la</strong> porte, il fait froid! ou C<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>nte est magnifique!, qu’on considère généralement<br />

comme des phrases. 64 L’intonation peut donc se révéler impropre à délimiter<br />

les phrases. Comme le dit André Martin<strong>et</strong> (1979, §1.25), 65<br />

«Il s’y ajoute souvent une courbe de <strong>la</strong> mélodie du discours avec montée initiale <strong>et</strong> descente<br />

finale, par exemple, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase à deux prédicats coordonnées Il est venu, puis il est reparti.<br />

Il peut y avoir contradiction entre l’unité assurée par les re<strong>la</strong>tions internes <strong>et</strong> celle que suggère<br />

<strong>la</strong> mélodie du discours; <strong>dans</strong> Il pleut. . . Je ne sors pas, par exemple, avec <strong>la</strong> montée initiale<br />

de <strong>la</strong> courbe <strong>et</strong> descente sur <strong>la</strong> finale, <strong>la</strong> mélodie suggère une seule phrase. Mais l’absence<br />

de marque de liaison entre les deux parties de l’énoncé nous amène à interpréter c<strong>et</strong> énoncé<br />

comme composé de deux phrases.»<br />

Cependant, c<strong>et</strong>te prosodie est inaccessible; <strong>et</strong> se servir de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> pour délimiter<br />

les phrases serait une faute de méthode f<strong>la</strong>grante <strong>dans</strong> une recherche qui vise<br />

précisément à établir les conditions <strong>et</strong> modalités d’une telle corré<strong>la</strong>tion. Le regard<br />

autonomiste sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite rend utopique <strong>la</strong> démarche proprement déductive. Il<br />

n’est pas possible de délimiter les énoncés à l’aide d’indices qui leur seraient tous exté-<br />

63 La démarche analytique l’interdit en eff<strong>et</strong>: «[Des] linguistes américains, comme Bloch <strong>et</strong><br />

Haas, emploient apparemment <strong>la</strong> démarche analytique, mais en réalité <strong>la</strong> procédure inverse,<br />

toute unité étant définie par ses parties: major sentence, par exemple, par le fait de contenir<br />

final c<strong>la</strong>use, c<strong>la</strong>use par predicate, predicate par inflected expression.» (Togeby 1965, 61).<br />

64 «Ces énoncés syntaxiquement achevés [les phrases] se distinguent par là d’énoncés qui le<br />

cas échéant s’avèrent à peu près équivalents en tant que véhicules d’un message donné <strong>dans</strong><br />

une situation de communication donnée, mais ne se prêtent pas aux mêmes transformations.»<br />

(Creissels 1995, 33).<br />

65 Et, pareillement, Leonard Bloomfield (1970, 161).<br />

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