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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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Lambier, a owés d’eas <strong>et</strong> de_lur maison desur ditte, tos les alués qu’ilh [5] tenoit <strong>et</strong> avoit ens<br />

el choir <strong>et</strong> ens elle vilhe d’Oire» (Document 1280–07–20, 3).<br />

que nous pouvons comparer afaitames, afaiterat <strong>et</strong> afaitat <strong>et</strong> y déceler: 1/ d’une part<br />

un radical verbal afait-, portant le sens «lexical» du verbe; 2/ d’autre part <strong>la</strong> série de<br />

désinences -ames, -erat, -at, qui expriment des catégories grammaticales <strong>et</strong> peuvent<br />

se r<strong>et</strong>rouver à <strong>la</strong> suite du radical de tous les verbes qui ont un infinitif en -er.<br />

Le lecteur comprenant ces extraits est à même de compartimenter le sens, d’identifier<br />

les segments qui le véhiculent, <strong>et</strong> d’arriver à <strong>la</strong> conclusion que certains mots sont<br />

analysables en segments exprimant des types de sens différents: le radical portant un<br />

sens «lexical», <strong>la</strong> désinence exprimant des catégories.<br />

Nous verrons que c<strong>et</strong>te analyse des catégories grammaticales se révèle utile pour<br />

c<strong>la</strong>sser les mots en fonction de leur potentiel morphologique (→3.3).<br />

3.1.3.3 Juger <strong>et</strong> prévoir <strong>la</strong> structure<br />

Malheureusement, c<strong>et</strong>te simple interprétation ne suffit pas à aboutir à une description<br />

des re<strong>la</strong>tions qui construisent les énoncés. Or, pour décrire synchroniquement un système<br />

linguistique, il faut pouvoir poser, au moins de manière re<strong>la</strong>tive, des jugements<br />

d’acceptabilité.<br />

a. Rôle opératoire de <strong>la</strong> paraphrase. Le descripteur ne peut faire appel à sa propre<br />

compétence pour valider ses analyses. Robert-Léon Wagner (1974, 70) résume de<br />

manière efficace le problème:<br />

«Faute d’intuition, quel moderne s’aventurerait <strong>dans</strong> les démarches que les générativistes<br />

ont mises au point? Ces va-<strong>et</strong>-vient de l’admis, du toléré à l’impossible d’où se dégagent<br />

peu à peu les conditions <strong>la</strong>tentes qui assurent l’intelligibilité d’un syntagme <strong>et</strong> font varier les<br />

niveaux de grammaticalité? À chaque instant l’étude de l’ancien français conduit à mesurer<br />

l’écart de <strong>la</strong> connaissance à <strong>la</strong> puissance comme les limites de <strong>la</strong> connaissance elle-même.»<br />

On ne peut donc évaluer intuitivement <strong>la</strong> grammaticalité des constructions, ce qui<br />

complique <strong>la</strong> description morphosyntaxique. Faut-il pour autant baisser les bras? Non,<br />

si l’on en croit Christiane Marchello-Nizia. Pour résoudre le problème, elle préconise<br />

une démarche qui prend appui sur <strong>la</strong> paraphrase <strong>et</strong> <strong>la</strong> compréhension (1985, 488, italiques<br />

<strong>dans</strong> le texte):<br />

«c’est le recours aux énoncés paraphrastiques qui compense, en quelque sorte, l’absence<br />

de locuteur témoin. Ainsi, lorsqu’une règle proposée produit, entre autres, un énoncé qu’on<br />

ne trouve jamais attesté, l’on ne dispose d’aucun critère, de personne, pour juger de son<br />

acceptabilité: a priori, ce n’est pas parce qu’une phrase ne se trouve pas <strong>dans</strong> les textes qui<br />

nous sont parvenus qu’elle n’existait pas ou qu’elle était impossible. Mais l’on peut faire<br />

le raisonnement suivant: l’on ne peut certes prouver que l’énoncé en question n’appartient<br />

pas à l’état de <strong>la</strong>ngue dont on veut faire <strong>la</strong> grammaire – l’absence d’un énoncé ne fait pas<br />

preuve; mais si l’on constate qu’un autre énoncé qui le paraphrase est, lui, attesté, on peut<br />

faire l’hypothèse que le premier énoncé était agrammatical.»<br />

La paraphrase m<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> en évidence des faits de figement <strong>et</strong> des blocages transformationnels<br />

liés à certaines formules ou à certaines unités du lexique. 23<br />

23 Voir Marchello-Nizia 1985, 488–490.<br />

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