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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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Sur les bases choisies, nous rangeons les mots en trois grandes c<strong>la</strong>sses distinctes:<br />

celle des verbes (→3.3.3.1), celle des noms (→3.3.3.2) <strong>et</strong> celle des adverbes<br />

(→3.3.3.3).<br />

3.3.3.1 Verbes<br />

D’après Jack Feuill<strong>et</strong> (1988, 84), les catégories que sont le temps, le mode <strong>et</strong> l’aspect<br />

doivent, d’un point de vue général, être considérées comme portant sur l’ensemble de<br />

<strong>la</strong> phrase-énoncé plutôt que sur un de ses constituants en particulier – <strong>dans</strong> une optique<br />

de description déductive. Pour l’ancien français, ces catégories sont toujours morphologiquement<br />

rattachées à un mot qui en supporte obligatoirement les marques. 47 Par<br />

commodité, on désignera ce mot du nom de verbe. 48<br />

Par exemple, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase:<br />

«La afaita Werris [. . .] a sangor Arnult [. . .] ii verges [7] <strong>et</strong> demie d’aluez» (Document<br />

1267–10–29, 6).<br />

le mot afaita supporte les marques morphologiques (amalgamées <strong>dans</strong> sa désinence)<br />

qui situent <strong>dans</strong> le passé le procès exprimé, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent également de dire qu’il<br />

s’agit d’une action ponctuelle assumée comme «réelle» par l’énonciateur. Aucune<br />

autre unité de l’énoncé ne le perm<strong>et</strong>: même si certains mots comportent des informations<br />

simi<strong>la</strong>ires (le mot <strong>la</strong> à l’initiale pose le cadre temporel autant que le cadre<br />

spatial), ces mots n’expriment pas ces contenus au moyen de marques morphologiques<br />

systématiques.<br />

Par conséquent, le verbe s’oppose au non-verbe par <strong>la</strong> présence obligatoire d’une<br />

désinence exprimant ces catégories de temps, mode <strong>et</strong> aspect, les catégories verbales.<br />

Suivant ce modèle, il n’est pas possible de rencontrer un verbe sans qu’il soit porteur<br />

de ces informations.<br />

Qu’on ait affaire à des modes «personnels» ou à des formes dites «nominales» du<br />

verbe (participe <strong>et</strong> infinitif), on constate qu’il véhicule ces mêmes catégories. Il est vrai<br />

que l’opposition entre le présent <strong>et</strong> le passé ne doit pas être appliquée sans précaution<br />

aux autres modes que l’indicatif, 49 mais quel que soit le mode, les catégories verbales<br />

expriment toujours une position temporelle par rapport à un repère du même ordre,<br />

ainsi que <strong>la</strong> manière dont le procès est ou non actualisé.<br />

Par ailleurs, ces modes «nominaux» s’opposent aux «déverbaux» par leur caractère<br />

systématique: tous les verbes peuvent être mis au participe ou à l’infinitif, alors<br />

que les dérivations par des suffixes comme -able, -tion ne sont pas prévisibles (elles<br />

relèvent du lexique).<br />

Ce<strong>la</strong> oblige à poser une distinction fondamentale entre des formes comme paiable<br />

47 Nous ignorons ici les cas de coordination, qui impliquent que plusieurs mots comportent des<br />

morphèmes grammaticaux coréférents à ces mêmes catégories (→3.4.7.2).<br />

48 Le fait semble fort répandu, si l’on en croit David Cohen (1989, 264), qui n’hésite pas à<br />

proposer, d’un point de vue général: «Le verbe, conjonction de phrase, en tant qu’il est le<br />

lieu où se manifeste <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion prédicative, tend à être chargé des morphèmes généraux de <strong>la</strong><br />

phrase <strong>et</strong> se manifester ainsi, éventuellement, <strong>dans</strong> des formes marquées comme ‹aspectives›,<br />

‹temporelles›, ‹diathétiques›, ‹personnelles›, <strong>et</strong>c.» Voir en outre Cohen 1989, 53.<br />

49 Voir Wilm<strong>et</strong> 2003, § 374s., spéc. § 374 <strong>et</strong> 377.<br />

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