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3-ponctuation-et-syntaxe-dans-la-langue-francaise - Tunisie ...

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0.1.1 Études précédentes<br />

Deux attitudes se sont développées <strong>dans</strong> le champ de <strong>la</strong> recherche sur <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

médiévale: celle qui souligne <strong>la</strong> pluralité des valeurs de signes <strong>et</strong> juge l’analyse syntaxique<br />

incapable de rendre compte à elle seule des habitudes des scribes (→0.1.1.1);<br />

<strong>et</strong> celle qui, ne rej<strong>et</strong>ant pas le bien-fondé de c<strong>et</strong>te pluralité, consiste néanmoins à choisir<br />

de se servir de <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> comme moyen privilégié pour accéder aux emplois de <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> (→0.1.1.2).<br />

0.1.1.1 Pluralité des valeurs de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale<br />

a. Les pionniers. La première étude linguistique de <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> les manuscrits<br />

médiévaux du domaine gallo-roman est due à Mario Roques (1952). Dans son article<br />

Le manuscrit fr. 794 de <strong>la</strong> Bibliothèque Nationale <strong>et</strong> le scribe Guiot, qui concerne plus<br />

les habitudes de Guiot que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> elle-même, il m<strong>et</strong> en évidence des «habitudes<br />

graphiques qui donnent de <strong>la</strong> n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é à <strong>la</strong> présentation <strong>et</strong> à <strong>la</strong> lecture» (193). Ayant<br />

somme toute peu de matériaux à sa disposition, Mario Roques se borne à «signaler»<br />

ces habitudes graphiques sans véritablement les systématiser.<br />

Il conclut en formu<strong>la</strong>nt le souhait que <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> médiévale soit étudiée de manière<br />

diachronique, insistant sur le besoin de tenir compte, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te entreprise, «des<br />

habitudes <strong>et</strong> des nécessités de pensée, de lecture, de diction, auxquelles [les signes de<br />

<strong>ponctuation</strong>] correspondent, <strong>et</strong> qui ont varié suivant les époques, les auteurs, les orateurs<br />

<strong>et</strong> les lecteurs» (196). En philologue chevronné, il souligne ainsi l’importance<br />

de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le texte <strong>et</strong> son environnement, mais ne pose aucune balise quant à<br />

l’étude proprement linguistique des pratiques de <strong>ponctuation</strong> médiévale.<br />

Un nouveau palier est franchi avec <strong>la</strong> publication de l’article Ponctuation <strong>et</strong> «unité<br />

de lecture» <strong>dans</strong> les manuscrits médiévaux ou: je ponctue, tu lis, il théorise, proposé<br />

à <strong>la</strong> communauté par Christiane Marchello-Nizia (1978). C<strong>et</strong>te dernière compare <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> de six «éditions» (terme regroupant en l’occurrence les copies <strong>et</strong> éditions<br />

imprimées) du Jouvencel de Jean de Bueil (composé entre 1461 <strong>et</strong> 1466), en prenant<br />

comme point de départ les conceptions que les traités anciens livrent: <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong><br />

serait l’expression d’une pause <strong>dans</strong> <strong>la</strong> voix (34). D’emblée, Christiane Marchello-<br />

Nizia choisit de compter les «majuscules» parmi les signes de <strong>ponctuation</strong>, une option<br />

que suivent également toutes les études ultérieures.<br />

Selon c<strong>et</strong>te étude, <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> se rencontre à des endroits qui correspondent aux<br />

limites de structures syntaxiques <strong>et</strong> au début d’adverbes <strong>et</strong> de conjonctions capitales<br />

pour l’organisation du message, mais les différentes éditions ne se servent pas des<br />

signes de <strong>la</strong> même manière pour segmenter le texte: chacune se distingue des autres<br />

par <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong> (42). L’analyse révèle également que les théories syntaxiques ne<br />

suffisent pas à épuiser les informations que nous livre <strong>la</strong> <strong>ponctuation</strong>. La conclusion<br />

est n<strong>et</strong>te: pour avoir une chance de <strong>la</strong> comprendre un jour, il ne faut pas isoler <strong>la</strong><br />

<strong>ponctuation</strong> <strong>dans</strong> ses rapports avec <strong>la</strong> <strong>syntaxe</strong> telle que nous <strong>la</strong> concevons, mais tenter<br />

d’appréhender les «unités de lecture» que nous livrent les scribes eux-mêmes.<br />

b. Définition progressive des types de valeurs. La même idée d’«insuffisance de nos<br />

‹outils théoriques›» (Marchello-Nizia 1978, 44) se r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conclusion de<br />

l’étude d’Hélène Naïs (1979) sur le manuscrit B de <strong>la</strong> Conqueste de Constantinople<br />

de Villehardouin:<br />

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