12.07.2015 Views

Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens

Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens

Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

10 1.6. Le renversement riemannienPour Kant, l’intuition ne se règ<strong>le</strong> donc pas sur la nature <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong>,mais c’est l’obj<strong>et</strong>, en tant qu’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s sens, qui se règ<strong>le</strong> sur la nature <strong>de</strong>notre pouvoir d’intuition, ou plus exactement, qui se dévoi<strong>le</strong> dans <strong>et</strong> parce que nous en explorons, dans <strong>et</strong> par ce que nous en disons, <strong>et</strong> ainsi,avec <strong>le</strong> pouvoir <strong>de</strong> préformation qui nous appartient en propre, il doit enal<strong>le</strong>r <strong>de</strong> même <strong>et</strong> <strong>de</strong> manière absolument généra<strong>le</strong> quant aux conceptspar <strong>le</strong>squels l’enten<strong>de</strong>ment élabore <strong>le</strong>s déterminations <strong>de</strong> la connaissance22 (cf. [82], p 19). « Nous ne connaissons a priori <strong>de</strong>s choses quece que nous y m<strong>et</strong>tons nous-mêmes » : c’est l’hypothèse fondamenta<strong>le</strong>(risquée) du système que Kant a érigé afin <strong>de</strong> délimiter avec exactitu<strong>de</strong>la portée <strong>de</strong>s raisonnements métaphysiques qui dépassent <strong>le</strong>s limites d<strong>et</strong>oute expérience.Ainsi d’après Kant, l’enten<strong>de</strong>ment ne doit pas seu<strong>le</strong>ment être définicomme <strong>le</strong> pouvoir d’élaborer <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s empiriques, en raisonnant parinduction, en comparant, <strong>et</strong> en extrapolant, mais surtout, à un niveau véritab<strong>le</strong>menttranscendantal, comme <strong>le</strong> pouvoir structurel <strong>de</strong> prescrire enquelque sorte ses propres règ<strong>le</strong>s à la nature, au sens où <strong>le</strong>s obj<strong>et</strong>s d’expériencesont nécessairement conformes aux conditions a priori dans<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ils peuvent être perçus <strong>et</strong> pensés — autrement dit : <strong>le</strong>s formes<strong>de</strong> la sensibilité <strong>et</strong> <strong>le</strong>s contraintes logiques du raisonnement préformenten quelque sorte toutes <strong>le</strong>s connaissances qui sont synthétiques a priori.En quoi consiste alors, chez <strong>Riemann</strong>, <strong>le</strong> renversement philosophiquepar rapport à la tradition mathématique qui <strong>le</strong> précè<strong>de</strong> ? Certainementpas dans l’élaboration d’une théorie généra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la connaissancequi serait <strong>de</strong>stinée à expliquer <strong>le</strong>s antinomies <strong>de</strong> la raison, <strong>le</strong>s apparencestranscendanta<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s paralogismes <strong>de</strong>s preuves métaphysiques. Lesmathématiques ont rarement besoin qu’on <strong>le</strong>ur apprenne à corriger <strong>le</strong>ursraisonnements. Toutefois, dans la trajectoire philosophique <strong>de</strong> <strong>Riemann</strong>,on trouve une analogie <strong>de</strong> fond avec la solution kantienne au problème<strong>de</strong> la métaphysique 23 .22 Postérité remarquab<strong>le</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te thèse kantienne au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> notre pratique <strong>de</strong> l’algèbre: bien que <strong>le</strong>s idéalités algébriques (groupe <strong>de</strong> Galois ; structure d’une algèbre <strong>de</strong><strong>Lie</strong> ; diagramme <strong>de</strong> Dynkin ; groupe fini produit par générateurs <strong>et</strong> relations ; syzygiesentre invariants algébriques) possè<strong>de</strong>nt un réseau non spatialisé <strong>et</strong> non temporalisé<strong>de</strong> relations comp<strong>le</strong>xes, notre compréhension <strong>de</strong> ces relations <strong>et</strong> <strong>le</strong>s démonstrationsque nous élaborons pour <strong>le</strong>s parcourir sont inévitab<strong>le</strong>ment linéaires <strong>et</strong> successives.L’enten<strong>de</strong>ment préformant (<strong>et</strong> déformant) n’approche <strong>le</strong> multip<strong>le</strong> algébrique que paractions discrètes.23 On ne méditera jamais assez <strong>le</strong>s toutes premières lignes <strong>de</strong> la Critique <strong>de</strong> laraison pure ([82], p. 5) : « La raison humaine a c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>stinée singulière, dans ungenre <strong>de</strong> ses connaissances, d’être accablée <strong>de</strong> questions qu’el<strong>le</strong> ne saurait éviter, car

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!