Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens
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Chapitre 1. L’ouverture riemannienne 29C<strong>et</strong>te remarque réfère à une tendance naissante <strong>de</strong>s mathématiques <strong>de</strong>la première moitié du 19 ème sièc<strong>le</strong> : essayer <strong>de</strong> transférer <strong>le</strong> langage <strong>de</strong>la géométrie vers <strong>de</strong>s systèmes analytiques ou algébriques à plusieursvariab<strong>le</strong>s ; une tel<strong>le</strong> tendance était connue <strong>de</strong> <strong>Riemann</strong>, au moins partiel<strong>le</strong>ment,via Gauss ([140], p. 15 sq., 53 sq.). La recherche <strong>de</strong> généralitéexige <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre sur pied une théorie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs étendues quisoit indépendante <strong>de</strong>s déterminations métriques <strong>et</strong> dans laquel<strong>le</strong> « on nesuppose rien <strong>de</strong> plus 61 que ce qui est déjà renfermé dans <strong>le</strong> concept <strong>de</strong>ces gran<strong>de</strong>urs ».Éliminer <strong>le</strong>s hypothèses adventices, circonscrire <strong>de</strong>s hypothèsesminima<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> s’en tenir rigoureusement à el<strong>le</strong>s : impératif méthodologiqueriemannien ; principe riemannien <strong>de</strong> genèse.Dans c<strong>et</strong>te branche généra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs étendues,où l’on ne suppose rien <strong>de</strong> plus que ce qui est déjà renfermé dans<strong>le</strong> concept <strong>de</strong> ces gran<strong>de</strong>urs, il nous suffira, pour notre obj<strong>et</strong> actuel, <strong>de</strong>porter notre étu<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>ux points, relatifs : <strong>le</strong> premier, à la générationdu concept d’une multiplicité <strong>de</strong> plusieurs dimensions ; <strong>le</strong> second,au moyen <strong>de</strong> ramener <strong>le</strong>s déterminations <strong>de</strong> lieu dans une multiplicitédonnée à <strong>de</strong>s déterminations <strong>de</strong> quantité, <strong>et</strong> c’est ce <strong>de</strong>rnier point quidoit clairement faire ressortir <strong>le</strong> caractère essentiel d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ndimensions. [133], p. 283.Problème inaugural : il s’agit donc <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> définir <strong>et</strong> d’engendrerune notion purement amétrique 62 d’étendue, dont <strong>le</strong>s « quanta » ou« morceaux » d’étendue puissent être envisagés du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la60 Il s’agit bien sûr <strong>de</strong>s surfaces étalées au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> certaines régions du plancomp<strong>le</strong>xe, ramifiées autour <strong>de</strong> certains points, <strong>et</strong> recousues <strong>le</strong> long <strong>de</strong> certaines coupuresque <strong>Riemann</strong> a introduites dans sa dissertation inaugura<strong>le</strong>. Pour ne pas interromprel’étu<strong>de</strong> proprement philosophique, nous laisserons <strong>de</strong> côté ces brèves allusionsà l’analyse comp<strong>le</strong>xe, au théorème d’Abel concernant <strong>le</strong>s intégra<strong>le</strong>s <strong>de</strong> fonctions algébriques(voir [80]), <strong>et</strong> au problème <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>s formes différentiel<strong>le</strong>s tota<strong>le</strong>s(voir [69]).61 L’exigence ainsi fondée par <strong>Riemann</strong> <strong>de</strong> se limiter à <strong>de</strong>s hypothèses minima<strong>le</strong>ss’exprime aussi très explicitement dans son Habilitationsschrift sur <strong>le</strong>s séries trigonométriques.62 Si <strong>le</strong>s moyens mathématiques ou axiomatiques manquent au géomètre pourmesurer <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>urs spatia<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> s’il est impossib<strong>le</strong> <strong>de</strong> se déplacer à la manièred’un arpenteur pour déposer chaînes, jalons <strong>et</strong> équerres sur un hypothétique sol <strong>de</strong> lagéométrie spatia<strong>le</strong> abstraite, alors la question du plus grand <strong>et</strong> du plus p<strong>et</strong>it perd sonsens <strong>et</strong> son intérêt.