Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens
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Chapitre 2. La mobilité helmholtzienne <strong>de</strong> la rigidité 57On a donc affaire à une théorie essentiel<strong>le</strong>ment active <strong>de</strong> la mesurequi semb<strong>le</strong> s’imaginer comme absolument nécessaire un suj<strong>et</strong> porteurmuni <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> régl<strong>et</strong>tes, forcé <strong>de</strong> parcourir l’espace, <strong>de</strong>puisses dimensions microscopiques jusqu’à ses dimensions astronomiques,afin <strong>de</strong> s’assurer par <strong>de</strong>s moyens rigoureusement élémentaires que <strong>le</strong>sdistances relatives entre certains villages, que la superficie d’un appartement,que <strong>le</strong>s dimensions d’un meub<strong>le</strong> à la vente, ou cel<strong>le</strong>s d’une boîteà bijoux, sont exactes au mètre près, au centimètre près, au millimètreprès 10 .Argument surprenant s’il en est : Helmholtz écarte la rectilinéarité<strong>de</strong>s rayons <strong>de</strong> lumière comme principe <strong>de</strong> référence pour la mesure,parce que <strong>le</strong>s aveug<strong>le</strong>s à qui <strong>le</strong>s vérités <strong>de</strong> la géométrie sont bienconnues n’ont accès qu’aux congruences.Donc je suppose dès <strong>le</strong> début que la mesure <strong>de</strong> l’espace soit possib<strong>le</strong>par <strong>de</strong>s congruences déterminées <strong>et</strong> je me propose comme but latâche <strong>de</strong> rechercher la forme analytique la plus généra<strong>le</strong> d’une variétémultip<strong>le</strong>ment étendue dans laquel<strong>le</strong> soient possib<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s mouvementsayant la constitution ainsi <strong>de</strong>mandée. [76], p. 41.En fait, Helmholtz délimite pour ses recherches un objectif encore plusciblé, moins susceptib<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’exposer à l’inattendu mathématique : ilcherche en eff<strong>et</strong> à formu<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s hypothèses physiquement évi<strong>de</strong>ntes(qu’on appel<strong>le</strong>rait aujourd’hui axiomes) afin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver seu<strong>le</strong>mentl’espace euclidien tridimensionnel comme concept compris sous <strong>de</strong> telsaxiomes. Approche axiomatique ou recherche d’un théorème d’unicité ?L’ambiguïté est réel<strong>le</strong>, d’autant plus que la mise au point d’hypothèsesspécifiques qui impliquent l’euclidéanité sera complètement absorbée10 Ce point vue qui s’imagine une universalisation possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’empiricité archaïqueest à distinguer n<strong>et</strong>tement du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>Riemann</strong>, pour <strong>le</strong>quel la métriqueest intrinsèquement donnée dans l’infinitésimal <strong>et</strong> ne nécessite aucun parcours,ni même aucun acte <strong>de</strong> mesure — si ce n’est pour estimer mathématiquement,par intégration, la longueur d’une ligne courbe finie — puisque chaquedifférentiel<strong>le</strong> infinitésima<strong>le</strong> dx est d’emblée accompagnée <strong>de</strong> sa longueur attitrée( ∑ ni,j=1 g ) 1/2.ij(x)dx i dx j Point crucial : aucun déplacement <strong>de</strong> corps ou <strong>de</strong> régl<strong>et</strong>ten’est requis. Plus précisément : dans toute métrique riemannienne ou finslérienne,l’essence métrique est déjà décalquée sur l’étendue comme <strong>le</strong> serait une infinitéd’étiqu<strong>et</strong>tes millimétriques disposées en tout point, <strong>et</strong> dans toutes <strong>le</strong>s directionsissues d’un point. Mariage entre l’intrinsèque pur <strong>et</strong> <strong>le</strong> champ physique possib<strong>le</strong> : « Ilfaut donc, ou que la réalité sur laquel<strong>le</strong> est fondé l’espace forme une variété discrète,ou que <strong>le</strong> fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s rapports métriques soit cherché en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> lui, dans <strong>le</strong>sforces <strong>de</strong> liaison qui agissent en lui » ([133], p. 297).