Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens
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66 2.6. Critique par <strong>Lie</strong> <strong>de</strong> l’erreur principa<strong>le</strong> <strong>de</strong> Helhmoltzqui sont obtenues à partir <strong>de</strong> X 4 , X 5 <strong>et</strong> X 6 en supprimant tous <strong>le</strong>s termesd’ordre 2. Alors l’hypothèse que <strong>le</strong>s six transformations infinitésima<strong>le</strong>sinitia<strong>le</strong>s X 1 , . . .,X 6 forment une algèbre <strong>de</strong> <strong>Lie</strong> 30 implique que<strong>le</strong>s six transformations réduites p, q, r, L 1 , L 2 <strong>et</strong> L 3 forment el<strong>le</strong>s aussiune algèbre <strong>de</strong> <strong>Lie</strong>. Par conséquent, d’après <strong>le</strong> troisième théorème fondamental<strong>de</strong> <strong>Lie</strong> (§ 4.9), <strong>le</strong>s six transformations infinitésima<strong>le</strong>s réduitesp, q, r, L 1 , L 2 <strong>et</strong> L 3 engendrent à nouveau un groupe <strong>de</strong> transformations,qui constitue en fait un certain sous-groupe à six paramètres dugroupe affine compl<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’espace à trois dimensions.Par une série d’exemp<strong>le</strong>s que <strong>Lie</strong> avait déjà fait paraître en 1892dans <strong>le</strong>s Comptes Rendus <strong>de</strong> l’Académie, <strong>Engel</strong> <strong>et</strong> <strong>Lie</strong> montrent combienil est péril<strong>le</strong>ux d’extrapo<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s axiomes supposés vali<strong>de</strong>s dans <strong>de</strong>srégions loca<strong>le</strong>s d’extension finie au suj<strong>et</strong> du comportement <strong>de</strong> pointsqui sont infiniment proches <strong>le</strong>s uns <strong>de</strong>s autres. Ainsi l’existence d’un, <strong>et</strong>d’un seul invariant généralisé (distance abstraite) entre paires <strong>de</strong> pointsne se transfère-t-el<strong>le</strong> pas fidè<strong>le</strong>ment d’un univers à l’autre. En eff<strong>et</strong>, dans<strong>le</strong> § 94 p. 237 ci-<strong>de</strong>ssous, <strong>Engel</strong> <strong>et</strong> <strong>Lie</strong> décrivent <strong>de</strong>ux exemp<strong>le</strong>s élémentaires:• un groupe X 1 , . . .,X 6 pour <strong>le</strong>quel <strong>de</strong>ux points ont un <strong>et</strong> un seulinvariant, alors que pour <strong>le</strong> groupe réduit p, q, r, L 1 , L 2 , L 3 , <strong>de</strong>ux pointsont <strong>de</strong>ux invariants fonctionnel<strong>le</strong>ment indépendants 31 ;• un autre groupe X 1 , . . .,X 6 pour <strong>le</strong>quel <strong>de</strong>ux points n’ont aucuninvariant, alors que pour <strong>le</strong> groupe réduit p, q, r, L 1 , L 2 , L 3 , <strong>de</strong>ux pointsont un <strong>et</strong> un seul invariant.Voilà donc l’erreur principa<strong>le</strong> <strong>de</strong> Helmholtz : supprimer « à la physicienne» tous <strong>le</strong>s termes d’ordre supérieur à 1, ce qui détruit complètementl’harmonie euclidienne <strong>de</strong>s corps rigi<strong>de</strong>s qui se donnait pour évi<strong>de</strong>nteà l’intuition. Et l’axiome <strong>de</strong> monodromie recè<strong>le</strong> un phénomèneencore plus troublant. Dans <strong>le</strong> Théorème 37 p. 215 ci-<strong>de</strong>ssous, sans utiliser<strong>le</strong>s axiomes III <strong>et</strong> IV <strong>de</strong> Helmholtz, <strong>Engel</strong> <strong>et</strong> <strong>Lie</strong> trouvent abstraitementonze groupes réels pour <strong>le</strong>squels <strong>de</strong>ux points ont un <strong>et</strong> un seulinvariant, tandis qu’un nombre <strong>de</strong> point supérieur à <strong>de</strong>ux n’a pas d’invariantessentiel. Au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te recherche, ils découvrent un groupeparticulier, <strong>le</strong> groupe (24) p. 243, qui satisfait l’axiome <strong>de</strong> monodromie,alors que son groupe réduit ne <strong>le</strong> satisfait pas : même l’axiome <strong>le</strong> plus30 Voir <strong>le</strong> § 4.9 <strong>et</strong> la note p. 241.31 La raison formel<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces décalages <strong>de</strong> structure est simp<strong>le</strong> d’un point <strong>de</strong> vueanalytique : <strong>le</strong> passage du groupe (21) <strong>de</strong> dimension 6 au groupe réduit (21’) du § 94p. 237 supprime tel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> termes, que <strong>le</strong> groupe réduit <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> dimension 4 !