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Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens

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Chapitre 1. L’ouverture riemannienne 311.15. Genèse du multidimensionnel. Dans un tout premier moment,<strong>Riemann</strong> tente <strong>de</strong> caractériser l’unidimensionnalité initia<strong>le</strong> d’une multipliciténon discrète — dont il fera ensuite un principe fondamental<strong>de</strong> genèse — par la propriété que ses mo<strong>de</strong>s continus <strong>de</strong> déterminationsont eux-mêmes déterminés 65 . D’après un raisonnement diffici<strong>le</strong> à reconstituer,<strong>Riemann</strong> affirme alors que <strong>de</strong> tels mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> déterminationne peuvent alors être parcourus « que dans un seul sens », c’est-à-dire« en avant <strong>et</strong> en arrière » : c’est l’unidimensionnalité, appelée à <strong>de</strong>venirracine <strong>et</strong> principe <strong>de</strong> genèse inductive pour la multidimensionnalité.<strong>Ens</strong>uite, dya<strong>de</strong>, soudure <strong>et</strong> parcours perm<strong>et</strong>tent d’engendrer <strong>le</strong> bidimensionnel66 . Dya<strong>de</strong> : dédoub<strong>le</strong>r l’obj<strong>et</strong> un qui est donné, c’est-àdirese donner <strong>de</strong>ux multiplicités unidimensionnel<strong>le</strong>s ; soudure : transporterune multiplicité pour la « riv<strong>et</strong>er » sur une autre en un bipoint<strong>de</strong> coïnci<strong>de</strong>nce ; parcours : faire décrire à la secon<strong>de</strong> multiplicité unidimensionnell<strong>et</strong>oute la multiplicité unidimensionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la première.Genèse : voir apparaître <strong>le</strong> bidimensionnel comme un voi<strong>le</strong> créé auxfranges <strong>de</strong> l’unidimensionnel par développement continu dans un étherextrinsèque.65 C<strong>et</strong>te phrase longue <strong>et</strong> diffici<strong>le</strong> ([133], pp. 283–284) semb<strong>le</strong> être une tentativeinaboutie pour trouver dans la variabilité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détermination d’une multiplicitédonnée <strong>de</strong>s conditions si restrictives qu’el<strong>le</strong>s en impliquent l’unidimensionnalité.Le caractère inachevé <strong>de</strong> ce passage n’a pas échappé à <strong>Engel</strong> <strong>et</strong> à <strong>Lie</strong>, qui étaient probab<strong>le</strong>mentdéjà informés, en 1891–93, <strong>de</strong>s travaux naissants <strong>de</strong> Pasch, Stolz, Schur sur<strong>le</strong>s fon<strong>de</strong>ments axiomatiques <strong>de</strong> la géométrie. « La véritab<strong>le</strong> signification <strong>de</strong> la propositiond’après laquel<strong>le</strong> l’espace est une variété numérique [Zäh<strong>le</strong>nmannigfaltigkeit] neressort pas du travail <strong>de</strong> <strong>Riemann</strong>. <strong>Riemann</strong> cherche à démontrer c<strong>et</strong>te proposition,mais sa démonstration ne peut pas être prise au sérieux. Si l’on veut véritab<strong>le</strong>ment démontrerque l’espace est une variété numérique, on <strong>de</strong>vra, à n’en pas douter, postu<strong>le</strong>rauparavant un nombre non négligeab<strong>le</strong> d’axiomes, ce dont il semb<strong>le</strong> que <strong>Riemann</strong>n’ait pas été conscient » (p. 161 ci-<strong>de</strong>ssous). Il est vrai en eff<strong>et</strong> que l’élaborationd’un raisonnement véritab<strong>le</strong>ment synthétique nécessite <strong>de</strong> faire une différence marquéeentre hypothèses <strong>et</strong> conclusion, <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’interroger sur la nature <strong>de</strong>s hypothèsesqu’on prendra comme axiomes. Comme <strong>Riemann</strong> ne spécifie pas ce qu’il faut précisémententendre par l’idée <strong>de</strong> lieu comme essence du géométral-local-continu, <strong>le</strong>sraisonnements logiques <strong>et</strong> <strong>le</strong>s démonstrations qu’il cherche à conduire pour ramenerune tel<strong>le</strong> notion <strong>de</strong> lieu à <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs numériques sont donc encore truffés <strong>de</strong> problèmesouverts.66 Pour <strong>de</strong> plus amp<strong>le</strong>s développements <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te direction <strong>de</strong> pensée, <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteurest renvoyé à la Science <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur extensive <strong>de</strong> Grassmann [64], commentée parFlament [46] <strong>et</strong> par Gil<strong>le</strong>s Châtel<strong>et</strong> [27].

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