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Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens

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16 1.9. L’influence épistémologique <strong>de</strong> Herbarttous tirés <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Herbart sur la métaphysique <strong>et</strong> sur la psychologie.L’auteur [<strong>Riemann</strong> lui-même] se considère comme herbartien enpsychologie <strong>et</strong> en épistémologie (méthodologie <strong>et</strong> éidolologie 32 ) ; toutefoisdans la plupart <strong>de</strong>s cas, il ne peut s’accor<strong>de</strong>r avec la philosophienaturel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Herbart, <strong>et</strong> avec <strong>le</strong>s disciplines métaphysiques (ontologie<strong>et</strong> synéchologie ) qui s’y réfèrent. [133], p. 508.Bien que la notion <strong>de</strong> présentations sériel<strong>le</strong>s [Vorstellungsreihen] 33 dueà Herbart ait certainement pu inspirer <strong>Riemann</strong> dans son élaboration duconcept <strong>de</strong> « multiplicité », la synéchologie 34 ne l’a en fait pas réel<strong>le</strong>mentconvaincu, comme l’a clairement démontré Scholz [142]. Il ressort<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> que Herbart a beaucoup plus influencé <strong>Riemann</strong>quant à sa méthodologie <strong>de</strong> recherche <strong>et</strong> à sa compréhension <strong>de</strong>s aspectsproblématiques <strong>de</strong> la conceptualisation mathématique, que pource qui concerne l’élaboration d’une pensée spécifique <strong>de</strong> l’espace.En premier lieu, <strong>Riemann</strong> était vraisemblab<strong>le</strong>ment en accord avecla réfutation par Herbart <strong>de</strong> la théorie kantienne 35 , <strong>de</strong> l’espace <strong>et</strong> dutemps : l’idée <strong>de</strong> l’espace <strong>et</strong> du temps comme « récipients vi<strong>de</strong>s »32 D’après Herbart, la métaphysique englobe quatre disciplines : la méthodologie,l’éidolologie [Eidolologie], l’ontologie <strong>et</strong> la synéchologie [Synechologie].33 Herbart considérait que <strong>le</strong>s concepts géométriques tels qu’ils sont formés <strong>et</strong>développés par <strong>le</strong>s sciences trouvent <strong>le</strong>ur origine dans <strong>le</strong>s représentations spatia<strong>le</strong>squi donnent accès à l’expérience du mon<strong>de</strong> sensib<strong>le</strong>, <strong>et</strong> qui sont intrinsèquement sériel<strong>le</strong>s.En eff<strong>et</strong>, toutes <strong>le</strong>s formes <strong>de</strong> perception humaine <strong>de</strong> l’espace s’effectuenten séries, c’est-à-dire <strong>de</strong> manière successive <strong>et</strong> temporalisée, dans une continuité <strong>de</strong>discontinuités coprésentes, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> s’exerce <strong>de</strong> manière loca<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> se restreint à<strong>de</strong>s voisinages immédiats <strong>de</strong> l’action individuel<strong>le</strong>. Aussi <strong>le</strong>s séries <strong>de</strong> présentation[Vorstellungsreihen] s’ordonnent-el<strong>le</strong>s <strong>et</strong> se connectent-el<strong>le</strong>s l’une à l’autre pour engendrer<strong>de</strong>s représentations spatia<strong>le</strong>s. Une « forme sériel<strong>le</strong> continue » se présente lorsqu’uneclasse spécifique <strong>de</strong> représentations est soumise à une fusion graduel<strong>le</strong> <strong>et</strong> unifiée.34 À partir <strong>de</strong> la théorie psychologique <strong>de</strong>s formes sériel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> représentations(cf. la note précé<strong>de</strong>nte), l’engendrement <strong>de</strong> formes sériel<strong>le</strong>s continues [continuirlicheReihenformen] <strong>de</strong> concepts constitue, selon une procédure théorique très élaborée,l’objectif <strong>de</strong> la discipline métaphysique que Herbart appel<strong>le</strong> la synéchologie, <strong>et</strong> quidésigne essentiel<strong>le</strong>ment sa théorie philosophique <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments du concept d’espace.35 D’après l’Esthétique transcendanta<strong>le</strong> <strong>de</strong> Kant ([82], pp. 70–72), l’existence <strong>de</strong>sjugements synthétiques a priori — notamment en géométrie, mais aussi en arithmétique<strong>et</strong> en analyse — interdit que l’on voie dans l’espace <strong>et</strong> <strong>le</strong> temps <strong>de</strong>s conditions<strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong>s choses mêmes. Quand il s’agit par exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tirer du concept d<strong>et</strong>rois lignes droites la figure d’un triang<strong>le</strong>, se donner <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s dans l’intuition estune condition nécessaire <strong>et</strong> sine qua non. Autrement dit, pour que <strong>le</strong>s démonstrationssynthétiques a priori <strong>de</strong> la géométrie soient possib<strong>le</strong>s, il faut disposer d’un pouvoir

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