Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann ... - DMA - Ens
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12 1.7. Déci<strong>de</strong>r l’ouverture problématique du conceptuelIl s’agit ainsi, pour la saine philosophie riemannienne qui s’exerc<strong>et</strong>oujours dans <strong>le</strong>s mathématiques contemporaines, d’examiner régulièrementdans quel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong>s travaux qui paraissent d’année en annéeapportent, ou n’apportent pas une réponse partiel<strong>le</strong>, une réponse satisfaisante,une réponse complète, voire même une réponse définitive 25 .Le traitement du problème <strong>de</strong> <strong>Riemann</strong> par Helmholtz <strong>et</strong> par <strong>Lie</strong> avec lathéorie <strong>de</strong>s groupes continus <strong>de</strong> transformations (cf. ce qui va suivre),puis par Kolmogorov, Busemann <strong>et</strong> par Freu<strong>de</strong>nthal avec <strong>le</strong>s concepts<strong>de</strong> la topologie généra<strong>le</strong>, montre qu’une question initia<strong>le</strong> peut se métamorphoser,se ramifier <strong>et</strong> se diversifier en s’approfondissant. Dans un<strong>et</strong>el<strong>le</strong> optique, si dogmatisme doctrinaire il peut y avoir, c’est un dogmatisme<strong>de</strong> l’attente <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’imprévisibilité. La position philosophique<strong>de</strong> <strong>Riemann</strong>, non exprimée par lui comme système <strong>et</strong> intrinsèquementen adéquation avec <strong>le</strong> caractère fondamenta<strong>le</strong>ment imprévisib<strong>le</strong> <strong>et</strong> ouvert<strong>de</strong> l’irréversib<strong>le</strong>-synthétique (cf. [108]) en mathématiques, ne peutêtre entachée par une décision ontologique unilatéra<strong>le</strong>, que ce soit unréalisme, un idéalisme, un transcen<strong>de</strong>ntalisme, un empirisme, un relativisme,ou un scepticisme. Presque par pétition <strong>de</strong> principe, certainsproblèmes acquièrent donc une ouverture dia<strong>le</strong>ctique indéfinie qui <strong>le</strong>srend inépuisab<strong>le</strong>s. À tout <strong>le</strong> moins, très peu <strong>de</strong> questions mathématiquespeuvent être considérées comme complètement résolues : là est toute lateneur du renversement riemannien.25 En arrière-plan <strong>de</strong> ces considérations se profi<strong>le</strong> donc un problème particulièrementdélicat pour la philosophie <strong>de</strong>s mathématiques, à savoir : quand, pourquoi,comment <strong>et</strong> à quel<strong>le</strong>s conditions peut-on déclarer qu’une question mathématique a étécomplètement résolue par un théorème, ou par une théorie ? Étant donné <strong>le</strong> renouveau<strong>de</strong>s problèmes d’effectivité en algèbre que suscite la maturité grandissante <strong>de</strong>s calculateursé<strong>le</strong>ctroniques, la théorie <strong>de</strong> Galois fournit un exemp<strong>le</strong> intéressant d’« illusiond’aboutissement par l’abstraction non calculatoire », puisque dans la pratique, la déterminationdu groupe <strong>de</strong> Galois sur Q d’un polynôme à coefficients entiers n’est enrien résolue par la correspondance biunivoque (<strong>et</strong> presque tautologique) entre tous <strong>le</strong>ssous-groupes du groupe <strong>de</strong> Galois d’une extension finie norma<strong>le</strong>, <strong>et</strong> tous <strong>le</strong>s sous-corps<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te extension qui contiennent Q ([44] ; voir <strong>le</strong> mémoire <strong>de</strong> synthèse [167] <strong>et</strong> sabibliographie pour <strong>le</strong>s résultats <strong>le</strong>s plus récents <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> Galois algorithmique).Le quantificateur universel “tout” cache ici <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong> question nombreux, notamment<strong>le</strong> problème <strong>de</strong> classifier a priori tous <strong>le</strong>s groupes finis qui peuvent se réalisercomme groupes <strong>de</strong> Galois, qui est essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> problème principal sur <strong>le</strong>queldébouche la correspondance <strong>de</strong> Galois. Signalons seu<strong>le</strong>ment que Jordan traitera <strong>de</strong> laclassification <strong>de</strong>s sous-groupes du groupe <strong>de</strong>s permutations <strong>de</strong> n 1 l<strong>et</strong>tres, <strong>et</strong> que<strong>Lie</strong> prendra aussi à bras-<strong>le</strong>-corps <strong>le</strong> problème <strong>de</strong> classifier <strong>le</strong>s groupes continus (finisou infinis) <strong>de</strong> transformations.