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L'audit financier€: historique, définition, objectif

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Chapitre II – Le contrôle des collaborateurs dans les cabinets d’audit – Section 3<br />

se traduit en réalité par un sentiment de « satisfaction » (comfort) qui se transmet<br />

concrètement aux autres par l’utilisation d’un langage purement émotionnel lors des<br />

communications à l’intérieur du groupe qui réalise l’audit.<br />

Dans cette vision, la certification devient un processus émotionnel où chaque<br />

participant construit sa « satisfaction » à partir de la « satisfaction » des autres auditeurs –<br />

qui dépasse la simple matérialisation des travaux et l’apparence de rationalité. Au bout de<br />

la chaîne, c’est le fait pour le manager, puis l’associé, de ressentir la « satisfaction » des<br />

collaborateurs qui contribue à la certification. Humphrey & Moizer (1990) avaient déjà<br />

souligné l’importance de l’affectif lors de planification de l’audit et le travail de Pentland<br />

(1993) l’étend donc à l’exécution même du travail. C’est le bon fonctionnement de ce<br />

système de transmission de la « satisfaction » au sein des cabinets qui devient le garant de<br />

leur bon fonctionnement global, aussi bien au niveau interne que par rapport à<br />

l’environnement. Cette transmission repose d’ailleurs tant sur l’exécution du travail que sur<br />

le maintien du professionnalisme apparent – les vêtements, le langage et le comportement –<br />

qui exprime la légitimité des individus à mener à bien le travail qui leur est confié par les<br />

autres membres de l’équipe.<br />

Mills & Bettner (1992) vont jusqu’à rapprocher la mission d’audit d’un « rituel<br />

religieux ». Selon ces auteurs, le caractère répétitif et prévisible d’un audit, son contenu<br />

émotionnel et sa structuration du réel attestent de la pertinence de cette assimilation. Ils<br />

soulignent que la réalité d’un audit est constituée par des significations symboliques<br />

profondes liées à des activités qui peuvent apparaître anodines. De la même manière qu’un<br />

rituel religieux, l’audit fait intervenir des actes de complexité diverse dont les implications<br />

sous-jacentes sont parfois plus importantes et ont davantage d’impact social que les<br />

propriétés visibles des actes en eux-mêmes. En particulier, les rituels affirment et<br />

légitiment les normes et les valeurs de ceux qui les conduisent et s’inscrivent dans le<br />

processus de socialisation qui délimite les limites hiérarchiques de l’organisation et le rôle<br />

de chacun.<br />

Pentland (1993) reprend cette métaphore religieuse en assimilant le déroulement<br />

d’une mission d’audit à la « purification » des états financiers de l’entreprise. Il décrit<br />

l’équipe d’auditeurs comme effectuant des rituels à cette fin : les données comptables du<br />

client sont incertaines et l’audit a pour <strong>objectif</strong> de les transformer – de les « purifier » – par<br />

l’intermédiaire des procédures d’audit. Ces rituels peuvent être précisément calculés et<br />

hautement rationalisés, mais les pratiques ont une signification qui va au-delà de leur but<br />

avoué à dominante rationnelle et opèrent en réalité à un niveau émotionnel pour les<br />

participants. Par exemple, le fait de ticker un montant dans les comptes représente<br />

l’engagement personnel de l’individu qui effectue le travail, et la validité du montant prend<br />

une valeur de vérité.<br />

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