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L'audit financier€: historique, définition, objectif

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Chapitre I – L’audit financier : caractéristiques et enjeux – Section 2<br />

ce rôle lorsque cela a servi ses intérêts (Sikka et al. 1998). D’une certaine manière, vouloir<br />

se dégager de cette responsabilité ne peut que nuire à l’image de la profession, mais –<br />

inversement – l’accepter implique d’accepter également les risques qui y sont associés.<br />

Quelle que soit l’issue du débat, il y a là une pierre d’achoppement entre les auditeurs et<br />

l’environnement qui reflète la nature socialement voire politiquement construite du métier<br />

d’auditeur et de ses finalités (Power 1995).<br />

1.2 Les auditeurs et la détection des entreprises en difficulté<br />

Les auditeurs effectuent leur contrôle des comptes annuels dans une hypothèse dite<br />

de « continuité de l’exploitation » de l’entreprise auditée, c’est-à-dire dans une approche<br />

moins sévère dans l’évaluation des passifs et des dépréciations d’actifs qu’une optique de<br />

liquidation qui correspond à une évaluation dans des conditions de revente immédiate.<br />

Cette approche a longtemps été satisfaisante dans une économie en bonne santé. Mais, dans<br />

un monde marqué par les difficultés d’entreprises et la complexification des transactions<br />

économiques, la certification des comptes devient intrinsèquement plus difficile.<br />

Parallèlement, le marché se fait de plus en plus critique quant à la fiabilité de<br />

l’opinion émise par les cabinets. Une première critique est la mise en cause de<br />

l’indépendance de certains auditeurs qui auraient sciemment validé des comptes qu’ils<br />

savaient trompeurs (Bazerman et al. 1997). Outre ce reproche de complaisance voire de<br />

compromission, une deuxième attaque – plus générale et lourde d’enjeux – met en cause<br />

l’aptitude intrinsèque de la profession à fournir des certifications fiables sur la situation<br />

économique des entreprises, même en supposant sa parfaite intégrité. Ainsi, selon plusieurs<br />

recherches sur les faillites d’entreprises réalisées au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, la<br />

certification n’est pas un indicateur plus satisfaisant qu’une simple analyse financière pour<br />

déterminer la santé d’une entreprise : la plupart des entreprises certifiées avec réserve<br />

survivent et la plupart des entreprises en faillite avaient leurs comptes certifiés sans réserve<br />

(Moizer 1995).<br />

Cette perception d’un manque de fiabilité des cabinets peut concerner l’inadaptation<br />

des méthodes d’audit, le soin apporté au travail ou les biais cognitifs qui affectent<br />

inconsciemment les travaux des auditeurs. Certains estiment ainsi que les auditeurs sont<br />

souvent mis en cause parce qu’ils ne contrôlent pas certains points importants et<br />

commettent des négligences qui diminuent la qualité du travail effectué (Dalton & Kelley<br />

1997). D’autres reprochent aux cabinets leur recours massif à des jeunes diplômés<br />

inexpérimentés qui ne sont pas toujours en mesure de réagir aux signaux qui peuvent<br />

indiquer des difficultés (Groveman 1995). De manière générale, le fait que les auditeurs<br />

soient astreints à une obligation de moyen et non de résultat devient plus difficile à faire<br />

accepter par le marché.<br />

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