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L'audit financier€: historique, définition, objectif

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Chapitre III – Cadre conceptuel de la recherche – Section 3<br />

La force motrice du pouvoir dépend cependant de la nature de sa légitimation et de<br />

la manière – qui en découle – dont l’individu vit sa subordination. Beauvois (1994)<br />

propose la typologie suivante des sources de légitimation du pouvoir :<br />

− la légitimation par la puissance est celle de l’affirmation pure et simple du pouvoir. La<br />

légitimité de la personne qui détient le pouvoir ne provient que de sa position ; elle<br />

n’est pas obligée de donner des justifications à ses demandes. En outre, du point de vue<br />

de la personne qui subit le pouvoir, il n’y a pas besoin d’adhésion idéologique ;<br />

− la légitimation par les valeurs consiste pour l’agent de pouvoir à inscrire ses<br />

prescriptions et ses évaluations dans des valeurs sociales ou organisationnelles<br />

susceptibles de justifier ses exigences. Ce mode de pouvoir repose sur l’adhésion<br />

idéologique des individus ;<br />

− la légitimité par l’accomplissement individuel repose sur l’évaluation, par la personne<br />

qui détient le pouvoir, du potentiel personnel de l’individu qui subit le pouvoir. La<br />

subordination n’est plus le fruit de la contrainte, ni le respect de valeurs supposées être<br />

bonnes (même si ces éléments restent présents), mais la volonté de l’individu de lier<br />

son image de soi à une évaluation positive.<br />

Dans cette dernière vision, la performance au travail telle qu’elle est évaluée par le<br />

supérieur hiérarchique est considérée comme l’expression de la nature psychologique de<br />

l’individu évalué. En fait, l’évaluation développe le lien psychologique entre l’individu et<br />

ses comportements au travail. Elle fournit au salarié des éléments qui lui permettent de se<br />

construire une représentation de ce qu’est sa nature individuelle. Selon Beauvois (1994),<br />

nos sociétés « libérales » valorisent l’importance de cette auto-perception de l’individu, ce<br />

qui en fait un moteur fort des attitudes et des comportements. L’activité évaluatrice y<br />

débouche sur une image de soi structurée par l’attribution des dispositions individuelles<br />

reconnues par l’environnement. En particulier, le fait d’être reconnu comme « performant »<br />

par un évaluateur transfère des qualités socialement valorisées sur l’individu.<br />

Ces pratiques « libérales » de l’exercice du pouvoir fonctionnent, car elles mettent<br />

en jeu des processus socio-cognitifs liés à ce que la psychologie sociale appelle<br />

l’« engagement » des individus dans leurs actes, c’est-à-dire la relation qu’une personne<br />

entretient avec son comportement. Pour reprendre la <strong>définition</strong> de Joule & Beauvois<br />

(1987), « l’engagement de l’individu dans un acte correspond au degré auquel l’individu<br />

peut s’assimiler à cet acte ». Ce processus est rendu possible par la perception d’une liberté<br />

individuelle qui entraîne l’assimilation de l’individu à sa performance, dans la mesure où il<br />

devra se l’attribuer à lui-même et ne pourra s’en dégager en raison d’un caractère contraint.<br />

C’est l’assimilation de soi à son comportement due à l’engagement qui permet, dans la<br />

situation de travail, le transfert de la valeur sociale de la performance sur l’image de soi de<br />

l’individu. En l’occurrence, nous considérerons dans cette recherche que l’acceptation par<br />

chaque auditeur de son emploi – matérialisée par les actes concrets que sont le processus de<br />

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