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L'audit financier€: historique, définition, objectif

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Chapitre I – L’audit financier : caractéristiques et enjeux – Section 2<br />

manière satisfaisante. D’une certaine façon, il sera toujours possible d’en faire plus – ou<br />

moins – ou différemment – par rapport à un niveau de preuves donné sans que l’on puisse<br />

être certain qu’un niveau adéquat a été atteint. Si l’on peut appréhender facilement très<br />

précisément l’idée de la qualité en audit, à savoir que « la nature et la quantité du travail<br />

effectué sont suffisantes » (Moizer 1997), sa mise en pratique est plus difficile. Le<br />

raisonnement en audit possède nécessairement un certain arbitraire et on ne sait pas à partir<br />

de quel moment il sera « suffisamment bon » (Hogarth 1991).<br />

En réalité, la conceptualisation rationnelle développée par les auditeurs – si elle<br />

repose sur un formalisme rassurant a priori – n’est pas susceptible d’être mise en œuvre<br />

sans le respect de certaines attitudes intellectuelles dont la finalité est de réduire<br />

l’arbitraire. On peut résumer ces caractéristiques par les notions de scepticisme et de<br />

jugement. Le « scepticisme » est l’attitude qui consiste à prendre du recul sur chaque<br />

information, à chercher à la remettre en cause systématiquement et à ne rien prendre pour<br />

argent comptant (Groveman 1995). En particulier, chaque élément de preuve doit faire<br />

l’objet d’une validation et d’une documentation appropriée. Idéalement, ce scepticisme doit<br />

en outre s’appliquer tant à la situation contrôlée qu’à la manière dont elle est contrôlée, par<br />

une prise de conscience de l’auditeur de sa propre pratique.<br />

Cependant, afin que le scepticisme ne paralyse pas la décision et n’empêche pas in<br />

fine la certification, l’auditeur doit parvenir à apprécier chaque situation pour estimer quels<br />

contrôles sont pertinents et à partir de quand le résultat des contrôles sera satisfaisant. Le<br />

« jugement » représente le fait d’utiliser son bon sens et l’expérience acquise pour pouvoir<br />

adapter ses contrôles à la situation rencontrée. Au-delà de leur simple description, le<br />

jugement repose sur la compréhension des systèmes rencontrés ainsi que – plus largement<br />

– sur une vision réaliste du monde économique et de ses enjeux (Tan & Libby 1997).<br />

Le jugement est un phénomène complexe qui repose sur les aptitudes cognitives<br />

intrinsèques de l’auditeur, ses connaissances techniques, ainsi que des facteurs<br />

organisationnels et psychologiques difficilement dissociables (Hogarth 1991). De<br />

nombreux travaux de recherche, qui ont souvent recours aux méthodes de la psychologie<br />

cognitive, ont été réalisés sur le jugement en audit. Ces travaux ont en particulier cherché à<br />

identifier les déterminants et les conséquences de l’« expertise » en audit, c’est-à-dire de la<br />

performance en matière de jugement. Celle-ci dépendrait de deux variables : les aptitudes<br />

individuelles et l’expérience. Chacun de ces éléments a fait l’objet de recherches afin d’en<br />

déterminer les caractéristiques dans plusieurs contextes et avec plusieurs objets. Des revues<br />

de la littérature sur le sujet sont proposées par Bédard (1989), Libby & Luft (1993) et<br />

Gonthier (1996). Ces revues mettent en évidence la subtilité cognitive du jugement en audit<br />

dont les nombreux déterminants interagissent de manière complexe : la nature de la tâche,<br />

l’utilisation de supports d’aide à la décision, les effets de répétition, la mémoire, les effets<br />

de groupe, etc.<br />

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