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L'audit financier€: historique, définition, objectif

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Chapitre VI – Résultats de la recherche qualitative – Section 1<br />

"On arrange toujours le travail. Ça se fait très souvent. En fait, on cherche des preuves<br />

qu’on arrange un peu. Oui, ça c’est un peu... On est honnête, il y a très peu de fraude,<br />

mais on arrange en fonction de ce qu’on veut. Ça je dirais que c’est très classique. On va<br />

arranger, c’est classique. C’est facile, c’est normal. Je dirais que ça me choque pas ! Mais<br />

on arrange, on va rendre ça un peu plus beau. C’est toujours comme ça. C’est comme par<br />

exemple quand on sait pas, eh bien on va pas le dire, voilà. C’est aussi, quelque part, c’est<br />

marrant.<br />

Chercheur : Marrant parce que après on verra si l’autre va se poser la question ou pas <br />

Ah ça, on espère qu’il va pas se poser la question [rires] ! Mais ça, ça ne me choque pas,<br />

c’est un peu un principe" (auditrice).<br />

Compte tenu de l’existence de telles marges de liberté au niveau de l'exécution et de<br />

la documentation du travail, on peut se demander sur quelles bases reposent les freins forts<br />

aux abus potentiels du système qui sont, comme le montrent les résultats du questionnaire,<br />

bien bornés. Certes, le processus de contrôle du travail est important à cet égard, malgré ses<br />

limites (Roebuck & Trotman 1992). Mais il nous semble qu’un autre élément fondamental<br />

entrant en ligne de compte est lié aux caractéristiques propres des individus qui travaillent<br />

dans les cabinets.<br />

1.2 Conscience professionnelle et contrainte budgétaire<br />

En raison des limites des systèmes de contrôle dans les cabinets, nous avons conclu<br />

lors du chapitre II que le contrôle dans les cabinets d’audit repose largement sur un autocontrôle<br />

de l’individu. Notre travail confirme que cet auto-contrôle semble globalement<br />

efficace. Le questionnaire faisait déjà apparaître un niveau de conscience professionnelle<br />

élevé par le recours massif à des explications externes pour les comportements de<br />

réduction de qualité. Les entretiens que nous avons réalisés renforcent ce premier résultat.<br />

Il apparaît en effet y avoir un besoin très fort chez la plupart des auditeurs de réaliser le<br />

travail consciencieusement. Les seniors d’audit mettent en avant la conscience<br />

professionnelle comme une des caractéristiques essentielles de la manière d’être de leurs<br />

pairs et d’eux-mêmes – quitte d’ailleurs à y voir parfois un aspect pas forcément positif.<br />

"Je trouvais presque que les gens faisaient de l’excès de zèle. Souvent, quand je faisais un<br />

programme de travail, je me rendais compte que les gens avaient envie de faire mieux que<br />

le dossier de l’année précédente et qu’ils avaient envie de rendre un dossier mieux. Et je<br />

trouvais parfois que les gens faisaient pratiquement du sur-audit par rapport à ce qu’on<br />

leur demandait et que c’était dommage parce que c’était souvent ça qui faisait perdre du<br />

temps et je pense qu’on peut économiser pas mal à ce niveau-là" (ancienne auditrice).<br />

Cette conscience professionnelle très développée peut-être analysée comme<br />

l’articulation de deux facteurs qui recouvrent les notions de sélection et de socialisation<br />

dans le cadre de la détermination du comportement individuel en cabinet (Chatman 1991).<br />

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