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Jonathan Strange & Mr Norrell

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officiers français commandant l’escadre apprirent que toute une<br />

flotte de vaisseaux britanniques était apparue dans le bassin<br />

extérieur.<br />

Combien y avait-il là de bâtiments ? Les informateurs des<br />

officiers ne le savaient pas. Plus qu’on ne pouvait en compter,<br />

une centaine peut-être. Apparemment, imitant la pluie, les<br />

bateaux avaient surgi en un instant d’une mer déserte. Et quel<br />

type de bâtiments était-ce ? Oh ! Voilà la chose la plus étrange !<br />

Les bâtiments étaient tous des bâtiments de ligne, des navires<br />

de guerre du second et du troisième rang, lourdement armés.<br />

La nouvelle était stupéfiante. Le nombre comme le grand<br />

tonnage des navires étaient, à la vérité, plus inexplicables que<br />

leur subite apparition. La British Navy assurait toujours le<br />

blocus de Brest, mais jamais avec plus de vingt-cinq bâtiments à<br />

la fois, dont seulement dix ou douze étaient de ligne, les autres<br />

étant des frégates, des sloops et des bricks petits et mobiles.<br />

Cette histoire de cent navires était si incroyable que les<br />

capitaines français n’y ajoutèrent foi qu’après s’être rendus à la<br />

rame ou à cheval à Lochrist, à Saint-Julien de Camaret ou en<br />

d’autres lieux, d’où, du haut des falaises, ils pouvaient<br />

contempler les navires de leurs yeux.<br />

Les jours passèrent. Le ciel était plombé, et il continuait de<br />

pleuvoir. Les bâtiments britanniques demeuraient obstinément<br />

à leur place. La population de Brest était en émoi, de peur que<br />

certains d’entre eux ne tentassent d’approcher de la ville pour la<br />

bombarder. Néanmoins, les navires britanniques ne bougeaient<br />

pas.<br />

Plus étranges encore étaient les nouvelles qui arrivaient<br />

d’autres ports de l’Empire français : de Rochefort, de Toulon, de<br />

Marseille, de Gênes, de Venise, de Flushing, de Lorient,<br />

d’Anvers et d’une centaine d’autres de moindre importance. Eux<br />

aussi subissaient le blocus de flottes britanniques de cent ou<br />

deux cents navires de guerre. C’était à n’y rien comprendre.<br />

Ajoutées les unes aux autres, ces flottes regroupaient plus de<br />

navires de guerre que n’en possédaient les Britanniques. Elles<br />

regroupaient même plus de navires de guerre qu’il n’y en avait<br />

sur la face de la terre.<br />

À cette époque, le plus grand officier supérieur de Brest était<br />

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