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Jonathan Strange & Mr Norrell

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ferme.<br />

Le fermier, n’ayant jamais vu d’homme noir, fut stupéfait de<br />

trouver un être aussi exotique dans sa cour. Contre toute<br />

évidence, il ne parvenait pas à croire que Stephen parlât anglais.<br />

Le charretier, qui compatissait à la confusion d’esprit du<br />

fermier, se tint au côté de Stephen, répétant aimablement tout<br />

ce qu’il disait pour que le fermier comprît mieux. Cela ne servit<br />

à rien. Ne les écoutant pas plus l’un que l’autre, le fermier se<br />

contenta de bader Stephen et d’adresser des remarques à son<br />

sujet à l’un de ses domestiques, tout aussi fasciné. Le fermier se<br />

demandait si Stephen déteignait quand il touchait des objets, et<br />

il émit d’autres spéculations d’une nature encore plus<br />

impertinente et plus déplaisante. Les instructions précises de<br />

Stephen pour l’enlèvement de la carcasse de Firenze se<br />

perdirent, jusqu’au moment où l’épouse du fermier revint d’un<br />

marché voisin. Elle était d’une sorte très différente. Pour sa<br />

part, un homme bien mis avec une monture de prix (quoique<br />

morte) était un gentleman – libre à lui d’être de la couleur de<br />

son choix. Elle parla à Stephen d’un équarrisseur qui emportait<br />

les cadavres de chevaux de la ferme, écoulait la chair et<br />

revendait os et sabots pour fabriquer de la colle. Elle lui indiqua<br />

combien l’équarrisseur le paierait et promit de s’occuper de tout<br />

en échange d’un tiers de la somme. Stephen lui donna son<br />

accord.<br />

— Je vous remercie, dit Stephen. Tout cela eût été beaucoup<br />

plus difficile sans votre aide. Je vous dédommagerai de votre<br />

peine, naturellement. Toutefois, j’ai bien peur de devoir vous<br />

déranger encore. Je n’ai aucun moyen de rentrer chez moi. Je<br />

vous serais très obligé si vous pouviez me conduire jusqu’au<br />

prochain relais de poste.<br />

— Nenni ! s’écria le charretier. Range ta bourse, mon gars, je<br />

vais t’amener à Doncaster et cela te coûtera néant.<br />

En vérité, Stephen eût préféré de beaucoup gagner le<br />

prochain relais de poste, mais le charretier avait l’air si ravi<br />

d’avoir trouvé un compagnon qu’il lui sembla plus aimable et<br />

plus reconnaissant d’aller avec lui.<br />

La charrette se dirigeait cahin-caha vers Doncaster ; ils<br />

voyageaient sur des chemins de campagne et arrivaient à des<br />

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