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Jonathan Strange & Mr Norrell

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Un peu à contrecœur <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> accepta de rencontrer Lord<br />

Portishead, et <strong>Mr</strong> Drawlight écrivit un billet pour mander ce<br />

dernier à Hanover-square.<br />

Lord Portishead avait environ trente-huit ans. Il était très<br />

grand et maigre, avec des mains et des pieds longs et fins. Il<br />

portait habituellement une veste plus ou moins blanche et une<br />

culotte de couleur claire. C’était une âme noble qu’un rien<br />

mettait mal à l’aise : sa haute taille le mettait mal à l’aise ; sa<br />

qualité de magicien théoricien le mettait mal à l’aise (étant un<br />

homme intelligent, il savait que <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> le désapprouvait) ;<br />

côtoyer des hommes du monde aussi accomplis que Drawlight<br />

et Lascelles le mettait mal à l’aise et rencontrer <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> – son<br />

grand héros – le mettait suprêmement mal à l’aise. À un<br />

moment, il fut pris d’une telle agitation qu’il se mit à se balancer<br />

d’avant en arrière, ce qui, de concert avec sa taille et son habit<br />

blanchâtre, lui donna l’apparence d’un bouleau argenté par<br />

grand vent.<br />

En dépit de sa nervosité, il parvint à transmettre le<br />

sentiment du grand honneur qui lui était fait en étant appelé à<br />

connaître <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong>. Ce dernier fut si content de l’extrême<br />

déférence témoignée par Lord Portishead qu’il lui donna<br />

gracieusement l’autorisation de reprendre ses études de magie.<br />

Naturellement, Lord Portishead fut ravi ; mais quand il<br />

s’entendit signifier que <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> souhaitait qu’il se tînt assis<br />

de longues périodes de temps dans un coin du salon particulier<br />

de <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong>, à s’imprégner des opinions de celui-ci sur la<br />

magie moderne, puis qu’il publiât, sous la direction de<br />

<strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong>, le nouveau périodique de <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong>, il sembla ne<br />

pouvoir concevoir bonheur plus grand.<br />

Le nouveau périodique eut pour nom Les Amis de la magie<br />

anglaise, titre emprunté à la lettre adressée au Times par<br />

<strong>Mr</strong> Segundus au printemps précédent. Curieusement, aucun des<br />

articles parus dans Les Amis de la magie anglaise n’était de<br />

<strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong>, qui se révéla incapable de terminer un texte ; il<br />

n’était jamais satisfait de ce qu’il avait écrit. Il n’était jamais sûr<br />

1820.)<br />

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