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Jonathan Strange & Mr Norrell

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de la pièce.<br />

— Oh, monsieur <strong>Norrell</strong> ! s’écriait-il. Une telle profusion<br />

d’œuvres ! Nous allons certainement trouver les réponses à<br />

toutes nos questions ici !<br />

— J’en doute, monsieur, fut la réplique de <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong>.<br />

Le gérant d’affaires émit un rire bref, un gloussement<br />

manifestement dirigé contre <strong>Mr</strong> Honeyfoot ; pourtant,<br />

<strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> ne le réprimanda ni du regard ni d’un mot<br />

<strong>Mr</strong> Segundus se demanda de quelle sorte d’affaires <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong><br />

chargeait ce triste sire. Avec ses cheveux longs aussi hirsutes<br />

que la pluie et aussi sombres que le tonnerre, il eût paru tout à<br />

fait à sa place sur une lande balayée par les vents, ou en train de<br />

rôder dans une allée d’un noir de poix. Ou encore dans un<br />

roman de <strong>Mr</strong>s Radcliffe 8.<br />

<strong>Mr</strong> Segundus descendit les Instructions de Jacques Belasis<br />

et, malgré la piètre opinion de <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> sur cet auteur, tomba<br />

instantanément sur deux passages extraordinaires 9. Puis,<br />

8 Ann Ward Radcliffe (1764-1823), romancière anglaise à l’origine du<br />

roman noir (Tale of terror), auteure de L’Italien ou le Confessionnal des<br />

pénitents noirs, Les Mystères d’Udolpho… (N.d.T.).<br />

9 Le premier passage lu par <strong>Mr</strong> Segundus traitait de l’Angleterre, du<br />

« monde-fée » (que les magiciens nomment parfois « les Autres Pays »)<br />

et d’une étrange contrée qui passe pour s’étendre de l’autre côté de<br />

l’Enfer. <strong>Mr</strong> Segundus avait déjà entendu parler du lien symbolique et<br />

magique qui relie ces trois mondes, mais n’en avait jamais lu une<br />

explication aussi claire que celle produite ici.<br />

Le deuxième extrait concernait un des plus grands magiciens<br />

d’Angleterre, Martin Pale. Dans L’Arbre du savoir, de Gregory Absalom,<br />

un célèbre passage rapporte comment, tout en voyageant dans le monde<br />

des fées, le dernier des grands magiciens « auréats », Martin Pale, avait<br />

rendu visite à un prince enchanté. Pareillement à la plupart de ses<br />

congénères, le prince enchanté avait une multitude de noms, de titres, de<br />

distinctions honorifiques et de pseudonymes. Néanmoins, il se faisait<br />

généralement appeler Henry le Froid. Henry le Froid prononça donc un<br />

long discours plein de déférence à l’intention de son hôte. Ce discours<br />

regorgeait de métaphores et d’allusions obscures, mais Henry le Froid<br />

semblait avoir pour propos que les fées étaient des créatures<br />

naturellement méchantes qui ne savaient pas toujours quand elles se<br />

dévoyaient. À cela, Martin Pale répondit brièvement, et quelque peu<br />

énigmatiquement, que les Anglais n’avaient pas tous la même pointure.<br />

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