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Jonathan Strange & Mr Norrell

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L’amour de votre époux vous a-t-il sauvée de quoi que ce soit ?<br />

— <strong>Mr</strong> <strong>Strange</strong> ? – Arabella sourit. – Non, jamais. C’est plutôt<br />

moi qui ai pour habitude de le sauver ! J’entends, ajouta-t-elle<br />

en hâte, étant donné qu’il était clair que Lady Pole ne la<br />

comprenait pas, qu’il rencontre souvent des gens qui désirent le<br />

voir pratiquer la magie dans leur intérêt. Ou ils ont un petitneveu<br />

qui souhaite apprendre la magie avec lui. Ou encore ils<br />

croient avoir découvert une pantoufle ou une fourchette<br />

magique, ou ce genre d’ineptie. Ils ne lui veulent aucun mal. En<br />

général, ils sont même respectueux. Néanmoins, <strong>Mr</strong> <strong>Strange</strong><br />

n’est pas le plus patient des hommes, aussi suis-je contrainte<br />

d’intervenir et de me porter à son secours avant qu’il ne<br />

prononce quelques paroles malavisées.<br />

Il était temps pour Arabella de songer à se retirer, et elle se<br />

prépara à prendre congé. Maintenant qu’elles ne se reverraient<br />

peut-être pas avant plusieurs mois, Arabella tenait<br />

particulièrement à ce que ses adieux fussent empreints de<br />

gaieté.<br />

— Et j’espère, ma chère Lady Pole, dit-elle donc, que, lorsque<br />

nous nous reverrons, vous vous porterez beaucoup mieux et que<br />

vous pourrez peut-être reparaître dans le monde. Mon vœu le<br />

plus cher est que nous nous retrouvions un jour au théâtre ou à<br />

un bal…<br />

— Un bal ? s’exclama avec horreur Lady Pole. Quelle<br />

horreur ! À Dieu ne plaise que nous nous retrouvions jamais à<br />

un bal !<br />

— Chut ! chut ! Je ne voulais pas vous peiner. J’ai oublié<br />

combien vous détestiez danser. Allons, ne pleurez pas ! N’y<br />

songez pas, si cela vous rend malheureuse !<br />

Elle fit de son mieux pour apaiser son amie. Elle la prit dans<br />

ses bras, lui baisa la joue et les cheveux, lui caressa la main, lui<br />

offrit son eau de lavande. Rien n’y fit. Pendant quelques<br />

instants, Lady Pole s’abandonna à une crise de larmes. Arabella<br />

ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Mais y avait-il quelque<br />

chose à comprendre ? Cela faisait partie du mal de Madame<br />

d’être saisie d’épouvante pour des vétilles, d’avoir du chagrin<br />

pour rien du tout. Arabella agita la sonnette pour appeler la<br />

bonne.<br />

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