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Jonathan Strange & Mr Norrell

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— Non, attendez, mademoiselle Greysteel, cela ne peut pas<br />

aller. Qui d’autre que vous peut me remettre dans le droit<br />

chemin si je m’égare ? Dites-moi… Qui puisse abuser, selon<br />

vous ?<br />

Miss Greysteel demeura un moment silencieuse puis, un peu<br />

à son corps défendant, lança :<br />

— Votre amie d’hier soir, peut-être ?<br />

— Mon amie d’hier soir ! De qui parlez-vous ?<br />

Miss Greysteel eut l’air très malheureuse.<br />

— La jeune femme dans la gondole qui était si impatiente de<br />

vous entretenir et n’a pas voulu – pendant une demi-heure<br />

entière – laisser parler les autres.<br />

— Ah ! – <strong>Strange</strong> sourit et secoua la tête. – Non, vous vous<br />

êtes sauvée sur une idée fausse. Elle n’est pas mon amie, mais<br />

celle de Lord Byron.<br />

— Oh !… – Miss Greysteel s’empourpra légèrement. – Elle<br />

m’a paru une jeune personne plutôt agitée.<br />

— Elle n’est pas des plus ravies de la conduite de monsieur le<br />

baron. – <strong>Strange</strong> leva les épaules. – Mais qui l’est ? Elle voulait<br />

savoir si j’avais de l’influence sur Sa Seigneurie, et j’ai eu<br />

quelque mal à la convaincre qu’il n’existe pas aujourd’hui, pas<br />

plus qu’il n’a jamais existé, assez de magie en Angleterre à cet<br />

effet.<br />

— Vous êtes offensé.<br />

— Aucunement. Désormais, nous voilà plus proches de cette<br />

compréhension mutuelle que vous jugez nécessaire à l’amitié.<br />

Acceptez-vous de me serrer la main ?<br />

— Avec la meilleure volonté du monde, répondit-elle.<br />

— Flora ? Monsieur <strong>Strange</strong> ? appela le Dr Greysteel,<br />

s’approchant d’eux à grands pas. Que se passe-t-il ?<br />

Miss Greysteel était un brin confuse. Il était de la plus haute<br />

importance pour elle que sa tante et son père aient bonne<br />

opinion de <strong>Mr</strong> <strong>Strange</strong>. Elle ne voulait pas qu’ils sachent qu’elle<br />

l’avait soupçonné d’avoir mal agi. Elle feignit de ne pas avoir<br />

entendu la question de son père et se mit à parler avec force de<br />

certaines peintures de la Scuola di Giorgio degli Schiavoni<br />

qu’elle avait un vif désir d’admirer.<br />

— Ce n’est vraiment pas loin. Nous pourrions y aller<br />

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