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Jonathan Strange & Mr Norrell

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— Ah ! te voilà ! maugréa-t-il, jetant un regard morose à<br />

Stephen. On peut sonner cent fois dans cette maison, personne<br />

ne vient !<br />

— Je vous prie de m’excuser, monsieur, répondit Stephen,<br />

mais nul ne m’a averti de votre présence.<br />

Il pensa que le gentleman devait être un hôte de Sir Walter<br />

ou de Lady Pole – ce qui expliquait le gentleman, mais pas la<br />

pièce. Les gentlemen sont souvent invités à loger dans les<br />

maisons des autres, les pièces presque jamais.<br />

— En quoi puisse vous être utile, monsieur ? s’enquit<br />

Stephen.<br />

— Quelle buse tu es ! s’écria le gentleman aux cheveux<br />

comme du duvet de chardon. Ne sais-tu donc pas que Lady Pole<br />

doit se rendre à un bal en mon manoir ce soir ? Mon<br />

domestique s’est sauvé et se cache quelque part. Comment<br />

puisse apparaître au côté de la belle Lady Pole dans cet état ?<br />

Le gentleman avait bien des sujets de plainte : son visage<br />

n’était pas rasé, sa curieuse chevelure était emmêlée, et il n’était<br />

pas habillé, seulement drapé dans un peignoir à l’ancienne<br />

mode.<br />

— Je suis à vous dans un instant, monsieur, l’assura Stephen.<br />

Je dois d’abord trouver le moyen de vous raser. Vous ne savez<br />

pas ce que votre domestique a fait du rasoir, j’imagine ?<br />

Le gentleman leva les épaules.<br />

On ne voyait pas de table de toilette dans la pièce. En réalité,<br />

on y voyait très peu de mobilier. Le miroir, un vieux trépied<br />

pour la traite des vaches et un étrange fauteuil sculpté qui<br />

semblait être en os. Stephen se refusait à croire qu’il s’agissait<br />

d’ossements humains, bien qu’ils en eussent tout l’air.<br />

Sur le trépied, à côté d’un ravissant petit coffret, Stephen<br />

trouva un fin rasoir d’argent. Une cuvette d’étain bosselée<br />

remplie d’eau était posée à terre.<br />

Curieusement, il n’y avait pas de cheminée, juste une<br />

chaufferette en fer rouillé pleine de braises, qui répandait des<br />

cendres sales sur le sol. Aussi Stephen y mit la cuvette d’eau à<br />

chauffer, puis il rasa le gentleman. Quand il eut fini, le<br />

gentleman inspecta sa figure et se déclara extrêmement<br />

satisfait. Il ôta son peignoir et attendit patiemment debout, en<br />

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