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Jonathan Strange & Mr Norrell

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Ils se sentaient à peine revivre et devenaient un peu plus<br />

loquaces, quand le major Grant se présenta.<br />

— Ah, Grant ! dit Lord Wellington. Bonjour. Prenez donc<br />

place. Restaurez-vous un peu.<br />

— Je n’y manquerai pas dans un instant, monseigneur. Mais,<br />

d’abord, j’ai des nouvelles pour vous. D’une nature assez<br />

surprenante. Les Français auraient perdu six canons.<br />

— Des canons ? répéta monsieur le duc, peu intéressé, en se<br />

servant un petit pain et des rognons à la diable. Bien sûr qu’ils<br />

ont perdu des canons. Somerset ! lança-t-il, s’adressant à son<br />

attaché militaire. Combien de pièces d’artillerie françaises ai-je<br />

saisies aujourd’hui ?<br />

— Onze, monsieur le duc.<br />

— Non, non, intervint le major Grant. Je vous demande<br />

pardon, mais vous vous méprenez. Je ne parle pas des canons<br />

qui ont été pris pendant la bataille. Ceux dont je parle n’ont pas<br />

participé aux combats. Ils voyageaient entre le général<br />

Caffarelli, dans le Nord, et l’armée française. Ils ne sont pas<br />

arrivés à temps pour la bataille. En réalité, ils ne sont jamais<br />

arrivés. Vous sachant dans les parages, monsieur, et pressant<br />

l’allure des Français, le général Caffarelli était impatient de les<br />

livrer avec la plus grande célérité. Il a formé son escorte avec les<br />

trente premiers soldats qu’il avait sous la main. Eh bien,<br />

monseigneur, il a agi avec précipitation et s’en est repenti à<br />

loisir, car dix sur trente étaient napolitains.<br />

— Napolitains ! Vraiment ? s’étonna monsieur le duc.<br />

De Lancey et Somerset échangèrent entre eux des regards<br />

ravis ; même <strong>Jonathan</strong> <strong>Strange</strong> eut un sourire.<br />

Si Naples faisait partie de l’empire français, la vérité, c’était<br />

que les Napolitains haïssaient les Français. Les jeunes gens de<br />

Naples, contraints de se battre dans les rangs français,<br />

saisissaient toutes les occasions possibles pour déserter, se<br />

réfugiant souvent chez l’ennemi.<br />

— Et les autres soldats ? s’enquit Somerset. Nous devons<br />

supposer qu’ils empêcheront les Napolitains de nous porter<br />

beaucoup de mauvais coups ?<br />

— Il est trop tard pour que le reste de la troupe tente quoi<br />

que ce soit, déclara le major Grant. Ils sont tous morts. Vingt<br />

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