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Jonathan Strange & Mr Norrell

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<strong>Strange</strong>.<br />

Stephen se fraya un passage à travers la foule des danseurs.<br />

Sa conversation avec le gentleman avait été des plus<br />

déconcertantes. Une décision avait été prise ; plus Stephen y<br />

réfléchissait, cependant, plus il s’apercevait qu’il n’avait pas la<br />

moindre idée de sa nature.<br />

— Il n’est pas encore trop tard, marmonnait-il en jouant des<br />

coudes. Il n’est pas encore trop tard…<br />

Une partie de lui – la moitié insensible, froide, ensorcelée –<br />

s’interrogeait sur ce qu’il entendait par là. Pas trop tard pour se<br />

sauver ? Sauver Lady Pole et <strong>Mr</strong>s <strong>Strange</strong> ? Le magicien ?<br />

Jamais les rangées de danseurs ne lui avaient paru si<br />

longues, pareilles à des obstacles lui barrant le passage. À l’autre<br />

bout de la salle, il crut apercevoir une crinière brillante comme<br />

du duvet de chardon.<br />

— Monsieur ! appela-t-il. Attendez ! J’ai encore à vous<br />

parler !<br />

La lumière changea. Les flonflons, les bruits de pas et de voix<br />

s’éteignirent. Stephen regarda autour de lui, s’attendant à se<br />

retrouver dans une nouvelle cité ou sur un autre continent. Il<br />

était toujours dans la salle de bal d’Illusions-perdues. Celle-ci<br />

était déserte ; danseurs et musiciens avaient disparu. Il restait<br />

trois personnes : Stephen lui-même et, un peu plus loin, le<br />

magicien et le gentleman aux cheveux comme du duvet de<br />

chardon.<br />

Le magicien prononça le nom de son épouse. Il se dirigea à la<br />

hâte vers une porte obscure, dans l’intention de s’élancer à sa<br />

recherche dans toute la maison.<br />

— Attendez ! cria le gentleman aux cheveux comme du duvet<br />

de chardon.<br />

Le magicien se retourna. Stephen vit qu’il avait l’œil noir et<br />

que sa bouche remuait comme si un sort allait fuser de lui.<br />

Le gentleman aux cheveux comme du duvet de chardon leva<br />

les mains. La grande salle de bal était remplie d’un vol<br />

d’oiseaux. Un instant, ils étaient là, et l’instant suivant ils<br />

avaient disparu.<br />

Les oiseaux avaient battu Stephen de leurs ailes, ils lui<br />

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