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Jonathan Strange & Mr Norrell

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soit si rare.<br />

— Oh ! elle ne doit pas sa rareté aux larmes, j’en ai des<br />

flacons pleins, mais à l’art de mélanger la couleur.<br />

Dans l’intervalle, le gentleman était devenu si affable, si<br />

loquace, que Stephen n’eut plus aucune hésitation à lui<br />

demander :<br />

— Et que gardez-vous dans un si joli coffret, monsieur ? Du<br />

tabac à priser ?<br />

— Oh, non ! C’est un de mes plus précieux trésors, que<br />

j’aimerais voir Lady Pole porter au bal de ce soir !<br />

Il ouvrit le coffret et montra à Stephen un petit doigt blanc.<br />

Ceci parut d’abord un brin inhabituel à Stephen, toutefois sa<br />

surprise s’évanouit en un instant ; si on l’avait alors questionné<br />

à ce sujet, il eût répondu que les gentlemen transportaient<br />

souvent sur eux des doigts dans de petits coffrets, et que ce<br />

n’était là qu’un exemple parmi tant d’autres.<br />

— Est-ce dans votre famille depuis longtemps, monsieur ?<br />

demanda-t-il poliment.<br />

— Non, pas depuis longtemps.<br />

Le gentleman referma le coffret d’un coup sec et le glissa<br />

dans sa poche.<br />

Côte à côte, lui et Stephen admirèrent son reflet dans le<br />

miroir. Stephen remarqua à quel point ils étaient<br />

complémentaires : une peau noire éclatante à côté d’une peau<br />

blanche opalescente, chacune l’exemple parfait d’un type<br />

particulier de beauté masculine. Une pensée identique frappa le<br />

gentleman.<br />

— Comme nous sommes beaux ! s’exclama-t-il d’un ton<br />

songeur. Je m’aperçois maintenant que j’ai commis une terrible<br />

bourde ! Je vous ai pris pour un domestique de cette maison !<br />

Cela est tout à fait impossible ! Votre dignité et votre beauté<br />

montrent que vous êtes de naissance aristocratique, peut-être<br />

royale ! Vous êtes en visite ici, je présume, comme moi. Je vous<br />

demande pardon d’avoir abusé de votre amabilité, et je vous<br />

remercie du grand service que vous m’avez rendu en me<br />

préparant pour mon rendez-vous avec la belle Lady Pole.<br />

Stephen sourit.<br />

— Non, monsieur, je suis bien un domestique. Je suis le<br />

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