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Jonathan Strange & Mr Norrell

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« Mon cher Henry,<br />

« J’ai eu quelques tourments de conscience depuis ma<br />

dernière lettre. Vous savez que je ne vous ai jamais menti.<br />

Je confesse cependant ne pas vous en avoir appris assez<br />

pour que vous puissiez vous former une opinion exacte de<br />

la situation actuelle d’Arabella. Elle n’est pas morte…<br />

[Douze lignes raturées et illisibles]… sous terre, audedans<br />

de la colline qu’ils appellent brugh. Vivante, et<br />

pourtant pas vivante – pas morte non plus – ensorcelée.<br />

C’est leur coutume, depuis des temps immémoriaux, de<br />

voler des chrétiens et des chrétiennes pour en faire leurs<br />

domestiques, ou les contraindre – tel est le cas – à<br />

prendre part à leurs lugubres passe-temps : leurs bals,<br />

leurs fêtes, la poussière et le néant de leurs célébrations<br />

aussi vides qu’interminables. Parmi tous les reproches<br />

que j’accumule sur ma tête, le plus amer de tous c’est que<br />

je l’ai trahie, elle que mon premier devoir était de<br />

protéger. »<br />

« Santa Maria Zobenigo, Venise<br />

<strong>Jonathan</strong> <strong>Strange</strong> au révérend Henry Woodhope<br />

« Le 15 décembre 1816<br />

« Mon cher Henry,<br />

« Cela me peine de devoir vous dire que j’ai aujourd’hui<br />

de meilleurs motifs pour fonder l’inquiétude dont je vous<br />

ai entretenu dans ma dernière lettre 195. J’ai fait tout ce<br />

qui est concevable pour briser les barreaux de sa noire<br />

prison, en vain. Pas un sort de ma connaissance ne peut<br />

ouvrir la moindre brèche dans une magie si ancienne.<br />

Autant que je le sache, il n’existe pas pareil sortilège dans<br />

tout le canon anglais. Les histoires de magiciens libérant<br />

195 Cette lettre n’a jamais été retrouvée. Il est probable que <strong>Strange</strong> ne<br />

l’ait jamais expédiée. Selon Lord Byron (lettre à John Murray du 31<br />

décembre 1816), <strong>Strange</strong> rédigeait souvent de longues missives à ses amis<br />

avant de les détruire. Entre celles qu’il avait envoyées et celles qu’il<br />

n’avait pas envoyées, <strong>Strange</strong> confia à Byron qu’il s’y perdait vite.<br />

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