01.07.2013 Views

Jonathan Strange & Mr Norrell

Jonathan Strange & Mr Norrell

Jonathan Strange & Mr Norrell

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

qu’un, et il n’était pas certain de sa destination. Il s’agissait<br />

d’une prescription des Révélations des trente-six autres<br />

mondes, d’Ormskirk. Ormskirk écrivait que celle-ci devait<br />

dissiper les illusions et corriger les idées fausses. <strong>Strange</strong> sortit<br />

l’ouvrage pour relire le charme. La formule de magie était<br />

particulièrement obscure, composée seulement des mots<br />

suivants :<br />

« Place la lune devant ses yeux et sa blancheur dévorera<br />

les fausses apparences que le trompeur y aura mises.<br />

« Place un essaim d’abeilles à portée de ses oreilles. Les<br />

abeilles aiment la vérité et détruiront les mensonges du<br />

trompeur.<br />

« Place du sel dans sa bouche, de crainte que le trompeur<br />

ne tente de l’attirer avec le goût du miel ou de le rebuter<br />

avec un goût de cendres.<br />

« Cloue sa main d’un clou en fer afin qu’il ne puisse la<br />

lever pour exécuter l’ordre du trompeur.<br />

« Place son cœur en lieu sûr afin que tous ses désirs lui<br />

soient propres et que le trompeur ne puisse y trouver<br />

prise.<br />

« Mémorandum. La couleur rouge peut être jugée<br />

bénéfique. »<br />

Tandis que <strong>Strange</strong> prenait lecture du passage, il fut forcé de<br />

reconnaître qu’il n’avait pas la moindre idée de sa<br />

signification 107. Comment le magicien était-il censé décrocher la<br />

lune pour le sujet affligé ? Et si le second alinéa était exact, alors<br />

les ducs eussent mieux fait de recourir à un apiculteur qu’à un<br />

magicien. <strong>Strange</strong> ne pouvait pas non plus croire que Leurs<br />

Altesses royales seraient ravies s’il s’avisait de transpercer les<br />

107 Il est probable qu’Ormskirk n’en avait pas non plus la moindre idée. Il<br />

avait simplement consigné un charme qui lui avait été confié par<br />

quelqu’un d’autre ou qu’il avait trouvé dans un livre. C’est l’éternel<br />

problème posé par les écrits des magiciens argentins. Dans leur désir de<br />

conserver la moindre bribe de science magique, ils étaient souvent<br />

amenés à noter ce qui leur demeurait incompréhensible.<br />

- 455 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!