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Jonathan Strange & Mr Norrell

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malencontreusement du coude A Plaine Discoverie of the<br />

Whole Révélation of St John. Il décocha un regard glacial à<br />

<strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> pour oser occuper un espace aussi réduit avec un<br />

livre aussi gros.<br />

— J’ai dit que j’étais déçu, poursuivit-il, mais je ne suis guère<br />

surpris. Vous ne le connaissez pas comme moi. Ah ! Je puis vous<br />

assurer qu’il a une haute conscience de sa valeur. Personne ne<br />

peut en avoir de meilleure. Un homme qui achète une maison à<br />

Hanover-square sait le train que l’on se doit de mener. Ah, oui !<br />

Il a acheté une maison à Hanover-square ! Vous ne le saviez pas,<br />

sans doute ? Il est riche comme un Juif. Un vieil oncle,<br />

Haythornthwaite, est mort en lui laissant un tas d’argent. Il<br />

possède – entre autres vétilles – un beau manoir et un grand<br />

domaine – le domaine de l’abbaye de Hurtfew, dans le<br />

Yorkshire.<br />

— Ah ! fit le bellâtre, pince-sans-rire. Il est béni des dieux.<br />

Les vieux oncles riches qui trépassent se font scandaleusement<br />

rares.<br />

— Oh, c’est vrai ! approuva le petit homme. Des amis à moi,<br />

les Griffin, ont un oncle incroyablement nanti pour qui ils<br />

déploient toutes sortes d’attentions depuis des années… Et, bien<br />

qu’il eût déjà au moins cent ans quand ils ont commencé, il n’est<br />

toujours pas mort. On croirait qu’il a l’intention de vivre<br />

éternellement pour les narguer ! Tous les Griffin prennent de<br />

l’âge et meurent les uns après les autres, en proie au<br />

désappointement le plus amer. Cependant, je suis sûr que vous,<br />

mon cher Lascelles, n’avez aucunement besoin de vous occuper<br />

de vieillards aussi contrariants. Vos rentes sont plutôt<br />

confortables, n’est-ce pas ?<br />

Son interlocuteur préféra ignorer ce trait d’impertinence ; au<br />

lieu de cela il remarqua avec froideur :<br />

— Je crois que ce monsieur souhaite vous parler.<br />

Le monsieur en question était <strong>Mr</strong> <strong>Norrell</strong> qui, ébahi<br />

d’entendre discuter si publiquement de sa fortune et de ses<br />

terres, attendait de prendre la parole depuis déjà quelques<br />

minutes.<br />

— Je vous demande pardon, commença-t-il.<br />

— Oui ? répondit le plus grand d’un ton sec.<br />

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