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Jonathan Strange & Mr Norrell

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convaincre de mes bonnes intentions. »<br />

Il eut un sourire poli.<br />

— Un accord contraignant, c’est ce que vous disiez, je crois ?<br />

Quoi que ce soit, je l’attends au plus tard dans la soirée !<br />

À huit heures, il dînait avec les Greysteel, dans leur lugubre<br />

salle à manger.<br />

Miss Greysteel le questionna sur Lord Byron.<br />

— Oh ! répondit <strong>Strange</strong>. Il n’a aucunement l’intention de<br />

rentrer en Angleterre. Il peut écrire ses poèmes partout. Alors<br />

que, dans mon cas, la magie anglaise a été façonnée par<br />

l’Angleterre… Tout comme l’Angleterre a été façonnée par la<br />

magie. Les deux vont ensemble. Elles sont inséparables.<br />

— Vous voulez dire, reprit Miss Greysteel, fronçant<br />

légèrement les sourcils, que les esprits anglais, l’histoire<br />

d’Angleterre et ainsi de suite ont été façonnés par la magie.<br />

Vous parlez par métaphores.<br />

— Non, je parlais au sens littéral. Cette cité, par exemple, a<br />

été construite selon la manière commune…<br />

— Oh ! l’interrompit le Dr Greysteel en riant. Voilà bien un<br />

magicien ! Cette légère pointe de mépris quand il parle de<br />

choses réalisées selon la manière commune !<br />

— Dans mon esprit, je ne voulais pas me montrer<br />

irrévencieux. Je vous assure que je fais le plus grand cas des<br />

choses réalisées selon la manière commune. Non, mon propos<br />

était simplement que les frontières d’Angleterre, sa forme<br />

même, ont été déterminées par la magie.<br />

Le Dr Greysteel fit la moue.<br />

— Je ne suis pas certain de ce que vous avancez. Donnez-moi<br />

un exemple.<br />

— Très bien. Jadis, sur la côte du Yorkshire, les citoyens<br />

d’une très belle ville se demandaient comment il se faisait que<br />

leur roi, John Uskglass, dût exiger des impôts d’eux. Un si grand<br />

magicien, discutaient-ils, pouvait certainement faire apparaître<br />

dans les airs tout l’or qu’il voulait. Certes, il n’y a aucun mal à<br />

s’interroger. Ces farauds ne s’en tinrent toutefois pas là. Ils<br />

refusèrent d’acquitter leur dû et se mirent à comploter avec les<br />

ennemis du roi. Un homme est plus avisé de mûrement réfléchir<br />

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