01.07.2013 Views

Jonathan Strange & Mr Norrell

Jonathan Strange & Mr Norrell

Jonathan Strange & Mr Norrell

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

celui de presque tous les régiments d’infanterie) était écarlate ;<br />

alors que le major se cachait au milieu des feuillages<br />

bourgeonnants printaniers, les Français n’eurent aucun mal à le<br />

débusquer.<br />

Pour les Britanniques, la capture de Grant était une<br />

catastrophe équivalente à la perte de toute une brigade<br />

d’hommes de troupe. Lord Wellington envoya sur-le-champ des<br />

dépêches urgentes, dont certaines à des généraux français, afin<br />

de proposer un échange de prisonniers, et d’autres à des<br />

commandants de la guerrilla 94 promettant des dollars d’argent<br />

et des armes en abondance s’ils parvenaient à opérer le<br />

sauvetage de Grant. Ni l’une ni l’autre de ces propositions ne<br />

produisant de résultats, Lord Wellington se vit obligé d’arrêter<br />

un autre plan. Il loua les services du chef de la guerrilla,<br />

Jeronimo Saornil, célèbre pour sa férocité, afin qu’il conduisît<br />

<strong>Jonathan</strong> <strong>Strange</strong> au major Grant.<br />

— Vous vous apercevrez que Saornil est un personnage assez<br />

terrible, dit Wellington à <strong>Strange</strong> avant qu’il se mît en route.<br />

Cependant, je n’ai aucune crainte à cet égard car, sincèrement,<br />

vous l’êtes aussi.<br />

Saornil et ses hommes étaient une engeance de scélérats<br />

sanguinaires à souhait. Sales, nauséabonds et pas rasés, ils<br />

portaient sabres et poignards au ceinturon, et fusils en<br />

bandoulière. Leurs habits et leurs tapis de selle étaient couverts<br />

d’emblèmes cruels et redoutables : têtes de mort et tibias<br />

croisés, cœurs empalés sur des couteaux, gibets, crucifixions sur<br />

des roues, corbeaux occupés à picorer des cœurs et des yeux, et<br />

autres représentations tout aussi plaisantes. Ces emblèmes<br />

étaient composés de ce qui ressemblait à première vue à des<br />

boutons de nacre mais qui, après un examen plus approfondi, se<br />

révéla être la denture de tous les Français qu’ils avaient<br />

94 Guerrilla : mot espagnol signifiant « petite guerre ». Les bandes de<br />

guerrilleros étaient des groupes d’Espagnols, allant de quelques<br />

douzaines d’hommes à des milliers, qui combattaient et harcelaient les<br />

armées françaises. Certains obéissaient à d’anciens soldats et gardaient<br />

un niveau de discipline militaire impressionnant. D’autres n’étaient<br />

guère plus que des bandits et mettaient autant d’énergie à terroriser leurs<br />

malheureux compatriotes qu’à combattre les Français.<br />

- 414 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!