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Jonathan Strange & Mr Norrell

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ennemis seront confondus ! Songez combien les magiciens<br />

seront dévorés de rage ! Combien ils se maudiront de ne pas<br />

nous avoir traités avec davantage de respect !<br />

— Vous devez vous méprendre, monsieur. Je ne puis<br />

gouverner l’Angleterre. Pas avec cette… – Il étendit ses mains<br />

devant lui, pensant « peau noire ». À haute voix il poursuivit : –<br />

Seul vous, monsieur, avec votre tendresse pour moi, pouvez<br />

penser une telle chose possible. Les esclaves ne deviennent pas<br />

rois, monsieur.<br />

— Les esclaves, Stephen ? Qu’entendez-vous par là ?<br />

— Je suis né dans les fers de l’esclavage, monsieur. Comme<br />

beaucoup de ma race. Ma mère était esclave sur une plantation<br />

que le grand-père de Sir Walter possédait en Jamaïque. Quand<br />

ses dettes sont devenues trop lourdes, Sir Walter s’est rendu en<br />

Jamaïque afin de vendre la plantation… L’un des biens qu’il a<br />

rapportés avec lui était ma mère. Ou, plutôt, il se proposait de la<br />

ramener pour qu’elle soit domestique dans sa maison, mais elle<br />

est morte en me mettant au monde pendant le voyage.<br />

— Ha ! s’exclama triomphalement le gentleman. Alors, c’est<br />

exactement ce que j’avais dit. Vous et votre estimable mère avez<br />

été réduits en esclavage par les méchants Anglais et humiliés<br />

par leurs manœuvres !<br />

— Eh bien, oui, monsieur. Cela est vrai dans un sens, sauf<br />

que je ne suis plus un esclave. Personne sur le sol britannique<br />

ne peut être esclave. L’air de l’Angleterre est celui de la liberté.<br />

Les Anglais se vantent haut et fort qu’il en soit ainsi.<br />

« Et pourtant, songea-t-il, ils ont des esclaves dans d’autres<br />

pays. » À haute voix il poursuivit :<br />

— Dès l’instant où le valet de Sir Walter m’a descendu du<br />

bateau à l’état de nouveau-né, j’étais libre.<br />

— Nous devons toutefois les châtier ! s’écria le gentleman. Il<br />

nous est facile de tuer l’époux de Lady Pole, puis je descendrai<br />

en enfer trouver son grand-père et puis…<br />

— Sir William et Sir Walter n’ont pas créé l’esclavage !<br />

protesta Stephen. Sir Walter s’est toujours vivement opposé à la<br />

traite des esclaves. Et Sir Walter a été bon pour moi. Il m’a fait<br />

baptiser et éduquer.<br />

— Baptiser ? Comment ? Même votre nom vous a été imposé<br />

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